Retraites : La CNBF finit par liquider "en l’état" si le polypensionné… ne s’y oppose pas !

Lettre de la CNBF à un polypensionné, 16 oct. 2016.
Lettre de la CNBF à un polypensionné, 16 oct. 2016.

« Sauf opposition de votre part, écrit mardi le directeur de la Caisse nationale des barreaux français (CNBF) Gillot Not à un avocat parisien dont la liquidation des droits doit intervenir au 1er juillet 2018, je demande à mes services de procéder à la liquidation [de vos droits] en l’état ».

Demandée mi-décembre 2017, cette liquidation de droits au 1er juillet 2018 n’est toujours pas intervenue près de quatre mois plus tard, nous explique ce jeune retraité de 62 ans sous couvert d’anonymat et que nous appellerons Stanislas, du fait de problèmes internes à la CNBF mais aussi du fait d’avoir cotisé à plusieurs régimes de retraite en France et en Belgique où l’âge légal de départ à la retraite est fixé à 65 ans.

Parmi les soucis internes à la CNBF, une refonte de leur système informatique depuis le printemps dernier qui a duré près de six mois et qui a rendu leur site internet inaccessible et leur personnel quasi indisponible pendant toute cette période.

Le 10 avril, un courrier de la CNBF dit suspendre l’instruction du dossier tant qu’elle n’aura pas reçu « les notifications de pension » de tous les autres régimes (régimes général français et belge, complémentaire, cadre) sur lesquelles doivent figurer « les dates de prise d’effet de ces retraites » et lorsqu’après plusieurs semaines de tentatives par mail et par téléphone, notre futur polypensionné finira par mettre la main sur la « technicienne » du régime général qui gère son dossier, il apprendra, avec, dit-il, « stupeur et indignation », que son dossier est, là aussi, « en attente » car depuis fin 2015, la CNBF n’a pas alimenté la plateforme commune à toutes les caisses de retraite et il n’y a donc aucune information le concernant pour les années 2016 et suivantes.

De retour à la CNBF via le standard, car la gestionnaire du dossier, Hélène Marot, est inaccessible par son numéro de téléphone direct, sa messagerie est pleine et ne répond plus aux mails, il est fait part des doléances du régime général qui ne peut liquider ses droits du fait du manque d’informations sur la plateforme commune et on promet, sans le moindre mot d’excuse, de leur écrire et de leur fournir les informations qui auraient dû être partagées depuis 2016.

Les régimes général, complémentaire et cadre français ont fini par être liquidés « provisoirement », au 1er juillet 2018, au cours de la première quinzaine du mois de juillet mais s’agissant du régime belge, il n’a pu être fourni qu’un relevé de carrière qui n’a aucun caractère « définitif » puisque l’âge légal de la retraite en Belgique est fixé à 65 ans et c’est cette absence de caractère définitif de ce relevé de carrière belge qui va nous tenir en haleine pendant encore plus de trois mois.

« Nous n’avons reçu aucune réponse des régimes belges compétents », écrit M. Not dans ce courrier daté de mardi dans lequel il explique, dans un français approximatif qui ne veut pas dire grand-chose, que « les seuls relevés de carrière étant ceux déjà fournis et dont le caractère définitif n’est pas attesté [et qui ne risque pas de l’être avant juillet 2021, ndlr] », la liquidation des droits ne peut normalement pas intervenir mais « afin de ne pas maintenir ce dossier en suspens », Gilles Not a pris une décision. Grand bien lui fasse !

Gilles Not a donc pris une décision, une grande décision : il demande à ses services de procéder à la « liquidation en l’état », sauf opposition, bien sûr, de… Stanislas ! C’est tellement invraisemblable et inattendu ce syllogisme que nous ne résistons pas au plaisir de publier cette lettre pour que le conseil d’administration de cette vénérable institution en profite aussi et se penche sur les pratiques de ses collaborateurs et de ses cadres.