Secret professionnel : Le barreau de Paris opposé à la vente d'archives de Jacques Vergès

Catalogue Alain Castor - Laurent Hara, vente du 23 juin 2014, lot n° 1, Hôtel Drouot Richelieu, Paris.
Catalogue Alain Castor - Laurent Hara, vente du 23 juin 2014, lot n° 1, Hôtel Drouot Richelieu, Paris.

Le Barreau de Paris demande le retrait de la vente à Drouot de notes manuscrites de la plaidoirie de l'avocat de Klaus Barbie, Jacques Vergès, décédé en août 2013, au nom du respect du secret professionnel.

« Nous avons écrit aux commissaires priseurs Castor et Hara pour leur demander l'annulation de la vente et la restitution des pièces [au] barreau de Paris », a expliqué à l'AFP jeudi Me Emmanuel Pierrat, membre du conseil de l'ordre et conservateur du musée du barreau. « J'ai agi au nom de l'ordre des avocats de Paris et à la demande du bâtonnier en vertu du respect du secret professionnel car toutes les archives de Jacques Vergès sont couvertes par ce secret et le procès Barbie concerne un crime contre l'humanité imprescriptible. Rien ne doit sortir sur le marché, rien ne doit être rendu public. Nous avons une sorte de rôle moral, nous sommes la vigie des règles déontologiques pour tous les avocats décédés qui étaient membres du barreau de Paris », fait-il valoir.

La venteHôtel Drouot Richelieu, 9 rue Drouot, Paris-9e, salle n° 6. 23 juin 2014 à 13h30. Exposition publique : 21 juin de 11 à 18h00 et 23 juin de 11 à 12h00. des notes autographes de Jacques Vergès au procès historique en 1987 de l'ancien chef de la Gestapo de Lyon est le lot n° 1 d'une vente aux enchères prévue ce lundi 23 juin à Drouot (estimation entre 5 000 et 10 000 €). La vendeuse, une ancienne salariée qui a souhaité garder l'anonymat, a travaillé il y a trente ans au cabinet de Jacques Vergès qui lui aurait fait cadeau des documents, a indiqué Me Pierrat.

« Il ne s'agit pas exactement de la plaidoirie prononcée à l'audience. On peut le vérifier car le procès a été entièrement filmé. Mais cela arrive fréquemment qu'un avocat se détache de son texte soit parce qu'il aime improviser, soit parce qu'il pense que des arguments ne doivent plus être utilisés. C'est en tout cas un document de travail inédit et par ce fait couvert par le secret professionnel », assure Me Pierrat. Le musée du barreau de Paris a coutume de demander à de grands avocats de lui confier leurs archives exceptionnelles ou historiques.« Nous avons ainsi récupéré les archives de Me Jacques Isorni » qui a notamment défendu le maréchal Pétain, ajoute l'avocat.

Le reste des documents professionnels de l'avocat, dont les autres pièces du procès Barbie, a déjà été récupéré par le barreau de Paris auprès de l'administration fiscale dans le cadre de la liquidation judiciaire du cabinet Vergès qui était très endetté et dont la famille a renoncé pour cette raison à la succession. Meubles, objets, œuvres d'art, souvenirs et la bibliothèque de l'avocat ont par ailleurs fait l'objet d'une vente à Drouot en janvier dernier. « Le barreau de Paris a, lui, récupéré les archives professionnelles de Jacques Vergès en août dernier », a précisé Emmanuel Pierrat qui dit avoir été surpris en apprenant dans la presse que des notes manuscrites du procès Barbie étaient dans la nature et allaient être mises en vente.

Drouot a confirmé en début d'après-midi le retrait de ces notes de plaidoirie de la vente.