Sécurité des journalistes : Anne Brasseur critique les États incapables de respecter leurs obligations

Ouvrant une conférence sur la liberté des médias et la sécurité des journalistes organisée par l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE) aujourd'hui à Paris, la présidente Anne Brasseur a lancé un appel pour mettre fin aux crimes contre les journalistes « qui paient de leur vie, sacrifient leur sécurité ou leur liberté pour nous garantir l'accès à l'information et ce, y compris sur le territoire du Conseil de l'Europe ».
« Je suis profondément préoccupée depuis longtemps par l’incapacité de certains pays membres de notre Organisation à respecter leurs obligations en matière de protection de la liberté d’expression et de respect de l’intégrité des journalistes », a-t-elle poursuivi.
« Selon les informations fournies par le Comité pour la protection des journalistes, en Russie, par exemple, personne n’a été traduit en justice pour l’assassinat du journaliste Dmitry Kholodov, tué il y a 20 ans. Depuis, plus de deux douzaines de journalistes en Russie ont été assassinés en toute impunité. En Azerbaïdjan, qui a pourtant présidé le Comité des ministres jusqu'à récemment, les journalistes critiquant les autorités continuent d’être emprisonnés, ainsi que les défenseurs des droits de l’homme. En Turquie, malgré la baisse récente du nombre de journalistes emprisonnés, ceux-ci font face à un harcèlement constant et sont confrontés à la censure. Enfin, le Comité pour la protection des journalistes indique également qu’un recul de la liberté de presse est enregistré en Hongrie », a-t-elle déclaré.
« Les chiffres de Reporters sans frontières pour 2014 font froid dans le dos et témoignent de l'urgence de la situation : 62 journalistes et 19 net-citoyens et citoyens-journalistes tués, 176 journalistes emprisonnés, 178 net-citoyens emprisonnés », a souligné la présidente de l'APCE. Elle a également rappelé l'importance d'instruments juridiques pour garantir l'indépendance des médias, notamment en matière de protection des sources et de lutte contre la corruption ainsi que l'indépendance des systèmes judiciaires afin de prévenir toute impunité.
Saluant le lancement aujourd'hui d'une plateforme internet par le Conseil de l'Europe pour promouvoir la protection du journalisme et la sécurité des journalistes, la présidente a rappelé qu'il s'agissait là de l'instrument que l'APCE avait appelé de ses vœux en 2010 lorsqu'elle avait demandé au Comité des ministres d’affecter des ressources pour recueillir, analyser et échanger par voie électronique des informations sur les violations de la liberté du journalisme et des médias.
« Ne pas attendre qu'on nous prive de l'information pour la défendre - tel est l'un des slogans phare de Reporters sans frontières que nous devrions faire nôtre », a conclu Anne Brasseur.