Sécurité : La guerre des polices stigmatisée par la cour des comptes

La cour des comptes a stigmatisé la guerre des polices et le taux d'élucidation des crimes et délits en France par les forces de l'ordre, dans un référé publié mercredi.

Les référés sont des observations et des recommandations formulées par la haute juridiction sur la gestion des services de l'État. La Cour s'est ainsi attachée, dans son travail, à la « fonction de police judiciaire » dans les forces de l'ordre. Le constat est sans appel : « l'exercice des missions de police judiciaire se caractérise par une coopération encore insuffisante » entre les services de police, et avec ceux de gendarmerie, écrit son premier président, Didier Migaud, dans ce référé adressé aux ministres de la justice et de l'intérieur, Christine Taubira et Bernard Cazeneuve. 

La Cour souligne également la « grande disparité entre ces services dans l'élucidation des crimes et délits », ainsi qu'une « répartition territoriale déséquilibrée » de leurs effectifs « par rapport au nombre et à la gravité des faits à traiter »« Il n'est pas rare, argumente-elle, que les deux forces », police et gendarmerie, « se disputent l'attribution des affaires complexes » et il« n'existe entre elles que peu de coopération opérationnelle »« Le partage du renseignement, clé de voûte du métier des enquêteurs judiciaires, reste rare et alimente les rivalités », dénonce encore la Cour. 

En 2011, la cour des comptes avait, dans un rapport, éreinté la gestion des forces de l'ordre et mis en doute la baisse de la délinquance dont se targuait le gouvernement depuis 2002, année de l'arrivée de Nicolas Sarkozy au ministère de l'intérieur, et s'était attirée une réponse cinglante de la place Beauvau. Dans sa réponse, M. Cazeneuve évoque un « tableau particulièrement sombre » de la Cour, qui lui « semble excessif ».