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SNCF : Le coût excessif d'un cheminot pour l’entreprise

Par Nicolas de Will | LEXTIMES.FR |
Le coût d'un cheminot Le coût d'un cheminot

« Nous ne devons pas nous voiler la face », le service public ferroviaire « coûte de plus en plus cher sans que la qualité soit à la hauteur pour les usagers », peut-on lire dans un mail que la République En Marche a adressé le 4 avril aux animateurs de ses quelque 3 850 comités locaux pour qu’ils défendent sur le terrain cette « réforme indispensable pour la SNCF ».

La réforme en gestation porte sur trois axes, elle va permettre d’ « investir massivement dans le réseau », « préparer l’ouverture à la concurrence pour davantage de trains et de nouvelles offres » et « réorganiser la SNCF ». Pour ce qui est du second point, préparée par les gouvernements précédents, « l’ouverture à la concurrence est actée, est-il rappelé, elle est connue de tous, depuis presque 10 ans » et c’est elle qui permettra de « diversifier les offres, les services et de proposer aux voyageurs davantage de petits prix, en particulier à tous ceux pour qui prendre le train est aujourd’hui un service inaccessible ». D’ailleurs, c’est ainsi, par exemple, est-il souligné, que la SNCF a déjà créé les TGV OuiGo et des voyageurs « qui ne prenaient pas le train avant peuvent désormais profiter de ce service pour leurs déplacements ».

Pour donner les moyens à la SNCF de préparer cette ouverture à la concurrence, l’argumentaire met en avant le fait qu’à l’avenir, les personnes recrutées ne le seront plus sous le statut de cheminot qui « coûte trop cher à l’entreprise » car, avec une dette de 50 milliards d’euros, la SNCF ne peut pas rester « la seule entreprise à recruter au statut alors que le secteur s’ouvre à de nouveaux acteurs ».

Mais en fait, quel est le coût d’un cheminot par an et sur toute une carrière ou quelle est l’économie escomptée, par an et sur toute une carrière, en recrutant une personne avec un contrat de droit commun, c’est la question posée par un des 3 853 animateurs à la direction de LREM « pour mieux comprendre et ainsi pouvoir mieux expliquer » et que LexTimes a pu consulter.

La réponse de l’ « équipe du Pôle Territoires », parvenue une semaine plus tard, ne répond pas directement à la question et fait l’impasse sur le coût précis d’un cheminot ou l’économie escomptée à dix, vingt ou trente ans et se borne à disserter sur ce qu’est « concrètement » le statut de cheminot. En trois points concis, apprend-on, il s’agit de la garantie de l’emploi à vie, d’un régime spécial de retraites et d’une grille d’avancement et de rémunération particulière.

La garantie de l’emploi à vie, c’est-à-dire qu’un cheminot au statut ne peut pas être licencié pour motif économique, ni pour insuffisance professionnelle, ni pour inaptitude, seul le licenciement pour faute grave est prévu par le statut. Un régime spécial de retraites, avec notamment un âge de départ anticipé, 52 ans pour les conducteurs et 57 pour les autres. Une grille d’avancement et de rémunération particulière beaucoup plus avantageuse que les salariés contractuels avec, par exemple, une promotion quasiment garantie et une augmentation de 6 % tous les 3 ans. Ainsi, est-il précisé, à titre d’exemple, une personne recrutée en tant qu’opérateur et qui resterait opérateur pendant toute sa carrière verrait néanmoins, en fin de carrière, son salaire augmenter de 57 % par rapport à son salaire d’embauche.

Le coût précis d’un cheminot ou l’économie potentielle exacte restent donc inconnus mais des explications complémentaires pour une date ultérieure non précisée sont annoncées. Mais nul doute toutefois que l'économie devrait être assez conséquente et que la reprise de la dette de la SNCF doit nécessairement passer par la suppression de ce statut qui n'a plus lieu d'être au moment où les conditions de travail d'un conducteur de train ne sont plus ce qu'elles étaient il y a 100 ou 50 ans.

 

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