Somfy : Une OPAS à un prix de 143 € jugé insuffisant et payé par la cible elle-même

Les minoritaires de Somfy refusent une offre jugée insuffisante.
Les minoritaires de Somfy refusent une offre jugée insuffisante.

Deux des holdings de la famille Despature dominés par le patriarche Paul Georges, J.P.J.S. détenant 19,48 millions de titres et JP 3 à qui J.P.J.2 va apporter incessamment sous peu ses 3,4 millions de titres, ont soumis mardi un projet jugé insuffisant d’offre publique d’achat simplifiée (Opas) à 143 euros pièce visant les quelque 7,5 millions (20,41 %) d’actions de la société Somfy [FR0013199916, SO] qu’ils ne détiennent ou ne contrôlent pas directement ou indirectement. Cet retrait de la cote étant par ailleurs in fine partiellement financé par la cible elle-même, minoritaires — et les spéculateurs qui se sont mis sur les rangs — demandent davantage pour apporter leurs titres.

Si, à 143 euros, le prix proposé représente « une prime de 38,5 % par rapport à la moyenne des cours de bourse pondérée par les volumes des 60 derniers jours » et « une prime de 20,6 % par rapport au dernier cours de clôture avant l’annonce de l’offre », il est toutefois 20,11 % en-dessous de celui affiché en début d’année par la valeur, avant la dégringolade des marchés suite à l’invasion russe de l’Ukraine.

Second point de friction : le coût de l’opération quasi nul pour les consorts Despature, 38e fortune française exilée en Suisse. Estimé — hors honoraires, débours et frais divers d’environ 23 millions d’euros — à 1,08 milliard d’euros, les deux initiateurs de l’offre ont en effet obtenu, des quatre banques (Crédit agricole, Natixis, Portzamparc et Société générale) garantes de la bonne fin de l’opération, plusieurs lignes de crédit à concurrence d’un montant total de 1,17 milliard d’euros dont 620 millions leur seront vraisemblablement remboursés très rapidement moyennant une « distribution exceptionnelle » de la cible elle-même « en cas de mise en œuvre du retrait obligatoire » (projet, p. 13, § 2).

Un des cinq analystes qui suit la valeur, Bryan, Garnier & Co, reste « à l’achat » et vise un cours de 155 euros, estimant qu’à 143 euros pièce, l’offre « ne reflète pas les fondamentaux de l’entreprise » et recommande plutôt de renforcer que d’apporter ses titres à l’offre si elle n’est pas améliorée.

Une distribution exceptionnelle y compris aux minoritaires et un relèvement du prix de 15 à 20 % seraient sans doute les bienvenus pour pacifier le dossier et un retrait ordonné de la cote. Depuis la reprise de la cotation hier, le titre oscille entre 144,20 et 145 euros, soit plus d’un euro au-dessus du prix offert. Signe que beaucoup de spéculateurs se sont joints aux minoritaires déçus. 251 866 pièces se sont échangées hier et près de 72 000 aujourd’hui contre moins de 10 000 d'habitude.