Syndicalisme judiciaire : L’USM réagit fermement aux propos de Bruno Retailleau

Bruno Retailleau réclame la dépolitisation des magistrats.
Bruno Retailleau réclame la dépolitisation des magistrats.

Le bureau de l’Union syndicale des magistrats (Usm, classé à gauche) dit avoir pris connaissance avec « stupéfaction » des déclarations de jeudi dernier, sur Public Sénat, du président du groupe LR au Sénat Bruno Retailleau — qui s’en est surtout pris au Syndicat de la magistrature (Sm, un chouia encore plus à gauche) — qui considère comme anormale la syndicalisation des magistrats et plaide pour une réforme du Conseil supérieur de la magistrature (Csm), jugé « totalement corporatiste », qui garantirait une « justice impartiale » et une « réponse pénale » plus adéquate.

« La nuit de la Concorde, le 16 mars, il y a eu presque 300 arrestations, et 97 % de classement sans suite, c’est-à-dire aucune sanction, alors que ces gens viennent pour tuer du flic », explique le sénateur de Vendée qui crie au « laxisme judiciaire », en précisant qu’il « n’accuse pas les juges de ne pas faire le travail », il accuse le syndicat de la magistrature d’être « totalement politisé » et en appelle à une « dépolitisation de la justice » en illustrant son propos : « Quand ce syndicat publie un communiqué disant que l’autorité judiciaire ne peut pas être au service de la répression sociale… Quelle répression sociale ? Il faut dépolitiser la justice », martèle-t-il.

Jusqu’à empêcher les magistrats de se syndiquer, lui demande-t-on. « On peut en discuter », répond-il simplement en précisant que « se syndiquer pour des raisons professionnelles, oui. Mais pas la politisation, la justice doit être au-dessus de tout soupçon » et le problème se situe, selon lui, au niveau du Csm — l’organe chargé des nominations et de la discipline des magistrats et garant de l’indépendance de l’ordre judiciaire vis-à-vis de l’exécutif — qui est « totalement corporatiste » et si l’on veut une justice impartiale, il faut le réformer mais surtout, il faut, selon Bruno Retailleau, « des sanctions contre le syndicat de la magistrature ». Globalement, selon Bruno Retailleau, une majorité des Français ne croit plus en la justice parce qu’il y a un laxisme judiciaire et la question de la sécurité est liée à la réponse pénale qui n’est pas à la hauteur du fait de la syndicalisation du corps des magistrats qui est « quelque chose qui n’est pas normal. Les préfets, les militaires, ne sont pas syndiqués ».

C’est l’Usm, majoritaire avec 63 % des voix aux dernières élections professionnelles, pas nommément désigné et un peu moins à gauche que son homologue qui avait défrayé la chronique il y a dix ans avec son « Mur des cons », qui a réagi à ces propos en rappelant qu’elle est apolitique, que son objet consiste à défendre les intérêts de la profession et que le droit syndical a valeur constitutionnelle. Les dernières « purges » destinées à « dépolitiser la magistrature » remontant, précise-t-elle, aux années 1880 pour les royalistes et aux années 1940 pour les juifs, les gaullistes et les communistes.

Pour l’Usm, le renforcement de la réponse pénale passe par une augmentation des moyens qui lui sont alloués par le pouvoir politique et de souligner qu’en France, il y a, selon les chiffres du Cepej, deux fois moins de juges et de trois fois moins de procureurs que dans les pays européens qui ont un niveau de richesse comparable. De même, est-il rappelé, le Csm n’est pas un « condensé d’entre-soi aux mains des syndicats » car depuis 2010, il n’est pas composé d’une majorité de magistrats mais de personnalités extérieures désignées par des autorités politiques et administratives.