Tennis : La FFT dans le collimateur de la justice

La Fédération française de tennis (FFT) fait l'objet de toutes les attentions du parquet national financier (PNF) à la suite d'une enquête préliminaire ouverte il y a trois semaines sur un signalement de soupçons « de malversations et de trafic d'influence ».
Le parquet de Paris a en effet transmis au PNF un signalement qui lui est parvenu le 11 mars dernier et la charge des investigations a été confiée à l'Office anti-corruption de la direction centrale de la police judiciaire (OCLCIFF). Le procureur de Paris aurait été saisi, selon des indiscrétions révélées par le Journal du dimanche, par deux inspecteurs de la Direction de la jeunesse et des sports chargés par leur hiérarchie d'enquêter sur de possibles « malversations et trafic d'influence » ainsi que sur un « trafic de billets pour le tournoi de Roland-Garros », après une une dénonciation anonyme reçue mi-2015.
Cette enquête judiciaire intervient dans un contexte délétère à la FFT, secouée depuis plusieurs mois par des rumeurs sur l'existence d'un trafic de billets du prestigieux tournoi, une opposition, persistante depuis le début du projet en 2011, à l'extension de Roland-Garros, et des tensions entre son président Jean Gachassin et l'ex-directeur général de la FFT et de Roland-Garros Gilbert Ysern, finalement limogé début février.
Des élus qui revendent les places à leur valeur faciale, cela existe
Jérémy Botton, directeur général par intérim de la FFT.
Le 17 février, le Canard enchaîné avait publié un article sur des dérapages présumés de Jean Gachassin, accusé notamment d'avoir cédé des billets de Roland-Garros à prix coûtant à un ami, agent de voyage, qui les aurait revendus au moins cinq fois plus cher. « En échange, le président de la FFT, ancien international de rugby, était invité par l'agence de voyage au Tournoi des Six Nations, tous frais payés », rapporte le JDD. Ces faits avaient conduit le ministère des sports à diligenter une enquête administrative, dont le rapport doit, croit savoir le JDD, être remis au ministre Patrick Kanner avant le début de Roland-Garros le 22 mai.
Le journal affirme même avoir consulté « des dizaines de factures et photocopies de chèques, attestant que de nombreuses ligues revendaient, dans les années 1990 et 2000, leurs billets pour un prix allant de deux à quatre fois leur valeur faciale », selon un système qui « aurait depuis été assaini par la mise en place d'agences agréées et la généralisation des billets électroniques ».
« Des élus qui revendent les places à leur valeur faciale, cela existe... Mais pour leurs ligues, et de manière régulière. S'il y a enrichissement personnel, c'est grave, et la justice a raison de s'en saisir », selon le directeur général par intérim de la FFT Jérémy Botton qui entend ainsi minimiser l'ampleur des dégâts.« Nous jouerons le jeu à fond avec la justice mais le mal médiatique est fait », a-t-il ajouté pour essayer de dégoupiller la grenade.