Aller au contenu principal

Turquie : Des vœux pour la liberté de l’information

Par LA RÉDACTION | LEXTIMES.FR |
#LibérezLesTous #LibérezLesTous

Quatorze personnalités françaises se mobilisent en envoyant leurs vœux aux journalistes turcs. Les marraines et parrains engagés dans la campagne #LibérezLesTous écrivent à leur filleul emprisonné ou traîné devant les tribunaux. L'opération de solidarité « Des vœux pour la liberté de l’information en Turquie » est publiée en France, sur le site de l’Obs, et en Turquie, dans le quotidien Cumhuriyet. LexTimes se joint à cette campagne en publiant quelques extraits de ces vœux.

Dans le cadre de la campagne « Libérez Les Tous », Plantu, Élise Lucet, Bernard Pivot, Edwy Plenel, Sorj Chalandon, Patrick de Saint-Exupéry, Annick Cojean, Florence Aubenas, Fabienne Sintes, Pierre Haski, Jean-Claude Guillebaud, Marie-Monique Robin, Catherine Clément et Jean-Xavier de Lestrade prennent la plume ou leur crayon pour soutenir celles et ceux qui se battent en Turquie pour le droit à l’information. Pour que les journalistes derrière les barreaux sachent qu’on ne les oublie pas, pour leur donner du courage dans ce huis-clos répressif et étouffant, pour faire entendre leur combat par-delà les frontières.

« Un journaliste turc emprisonné, c’est ma liberté d’expression que l’on bâillonne ! » est le slogan de la campagne « Libérez Les Tous » menée par la Scam et le Prix Albert-Londres, en partenariat avec Reporters Sans Frontières et le collectif « Informer n’est pas un délit ». Car nous sommes tous concernés par cette mise à mort de la liberté d’information en Turquie. Ne pas la dénoncer reviendrait à en être complice.

Plantu parraine Musa Kart
Plantu parraine Musa Kart

Je t’imagine dans ta cellule (…) c’est à toi que j’envoie ces vœux en priorité (...). Tu étais étudiante en droit et tu écrivais des chroniques judiciaires pour le journal Zaman. Lors de ton arrestation, tu as été battue et agressée sexuellement. Dernièrement, tu écrivais : j’ai peur qu’on m’oublie... Non, nous ne t’oublions pas !!! Je t’envoie toute la force dont tu peux avoir besoin. De celle qui traverse les murs épais des centres de détention en Turquie.
Élise Lucet marraine Ayşenur Parıldak

Tous deux nous aimons la littérature et la liberté de penser, de lire et d’écrire. On veut vous en punir en vous traînant devant un tribunal. C’est idiot et scandaleux.  Cette intolérance est intolérable. J’espère que 2018 y mettra fin. Avec mon amicale solidarité.
Bernard Pivot parraine Turhan Günay

Je voudrais évidemment vous souhaiter le meilleur […] Mais je me méfie des vœux, sans doute par déformation professionnelle : journalistes, nous savons bien que l’histoire ne s’écrit jamais par avance, tant l’imprévisible et l’improbable en sont les maîtres. Qui aurait prévu, par exemple, qu’on en vienne à vous traiter de terroriste alors qu’en révélant des faits de corruption au cœur du pouvoir, vous n’avez fait que servir le droit de savoir de vos concitoyens ?
Edwy Plenel parraine Tunca Öğreten

Homme libre, devant les barbelés de la prison de Silivri, j’aurais hurlé mes vœux comme on crie sa colère. Tourterelle, j’aurais survolé la ville, les champs d’herbe rase, les bâtiments grillagés, pour déchirer les nuages et piquer vers le camp. Vent violent, je serais né au large de Büyükçekmece. J’aurais pris des forces au-dessus de la mer de Marmara, gonflé de sable, de sel, de toutes les pluies à venir, j’aurais soufflé vers l’ouest pour faire trembler les murs de la prison. Homme libre, tourterelle et vent, je ne te souhaite rien d’autre que la justice.
Sorj Chalandon parraine Ahmet Şık

Quand un Etat lève le vent âpre, il se dépossède. Le vent n’appartient à personne. De cela tu es convaincu (…). C’est pourquoi tu te bats, pourquoi tu tiens. « C’est l’histoire et la société qui auront le dernier mot », dis-tu. Inan, je pense à toi. (...). Tes mots sont miens, sont nôtres.  Je ne peux fermer les yeux sur ce qui t’arrive, sur ce vent âpre qui voudrait t’éteindre. Je veux croire que tu seras plus fort que le vent.
Patrick de Saint-Exupéry parraine Inan Kızılkaya

Tu as déjà fait 11 mois de prison, Kadri. 11 mois. Et tu en risques beaucoup plus. C'est une totale injustice. Un pur scandale. Car non seulement tu es innocent des crimes absurdes dont on t'accuse - "activités terroristes", quelle blague ! -, mais tu es l'honneur de la presse en Turquie. Donc notre honneur à tous. (…). Je te souhaite d'être blanchi de ces saloperies. Je te souhaite de recouvrer une totale liberté de mouvement et d'action.
Annick Cojean marraine Kadri Gürsel

J’ai tant de questions à te poser depuis que j’ai vu ta photo, arrêté entre deux policiers (…) Ce que je te souhaite pour 2018, mon cher Cihan, serait que tu puisses répondre rien qu’à une seule de ces questions. Librement.
Florence Aubenas marraine Cihan Acar

Ton pays, et ses chaos, tu les dessines, autant que tu les écrits. Et c’est cette liberté d’esprit qu’on veut enfermer. Il en faudrait beaucoup plus pour te réduire au silence. Ça aussi, je l’ai appris en lisant sur toi et ton travail. Il circule d’ailleurs une vidéo « Les yeux grands ouverts », et chacun devrait prendre 5 minutes de son temps pour la regarder et comprendre.
Fabienne Sintes marraine Zehra Doğan

Que peut-on souhaiter à un homme contre qui trois peines de prison à vie ont été requises par le Procureur de la République ? Pas la liberté car, comme vous l'avez joliment écrit, vous l'avez déjà dans votre tête, quelle que soit la taille des barreaux de votre cellule qui ne vous empêcheront jamais de vous sentir libre. Alors au moins la justice, celle qui vous est manifestement niée aujourd'hui en Turquie.
Pierre Haski parraine Ahmet Altan

Il ne m’appartient pas de porter un jugement d’ensemble sur l’évolution de ladite République turque. Mais l’extravagance du procès intenté à Mehmet Altan parle d’elle-même. Qu’on en juge ! Il encourt trois peines incompressibles d’emprisonnement à vie ! […] On me dit également que vous êtes en mode combattif et que votre moral est bon. Je forme des vœux pour qu’il le reste.
Jean-Claude Guillebaud parraine Mehmet Altan

Je suis journaliste depuis trente-trois ans. J’ai choisi ce métier, pour raconter le monde et soutenir les droits humains partout où ils sont bafoués ou menacés (…). Comme le colibri, j’essaie de faire ma part pour que nos enfants puissent continuer à vivre dignement sur notre jolie planète bleue que les humains ne cessent de malmener. En ces premiers jours de l’année 2018, je pense à toi, en espérant de tout cœur que nous pourrons bientôt nous rencontrer.
Marie-Monique Robin marraine Meltem Oktay

Cher filleul, mon cher petit, [...] Je voudrais te transmettre du courage, le courage nécessaire pour affronter cette période éprouvante. L’histoire est pleine de héros qui, après un séjour en prison, sont devenus les libérateurs de leurs peuples ! [...] Je te souhaite des nuits pleines de rêves et des jours sans ennui. En espérant que l’année prochaine sera celle de ta liberté.
Catherine Clément marraine Cağdas Erdoğan

Sache que ton engagement dépasse les frontières de ton pays que d’aucuns voudraient hermétiques, opaques. Il est un exemple pour chacun de nous. Je te souhaite une excellente année 2018 remplie de magnifiques projets. Filme encore et encore. Tes documentaires feront exister un avenir plus juste.
Jean-Xavier de Lestrade parraine Kazım Kızıl

 

Ajouter un commentaire