Ukraine : Déclenchement du premier étage de l’arme nucléaire financière

Les principales banques russes déconnectées de Swift.
Les principales banques russes déconnectées de Swift.

Au surlendemain de l’assaut russe sur l’Ukraine, les présidents et chefs de gouvernement de l’Union européenne, de France, d’Allemagne, d’Italie, du Royaume-Uni, du Canada et des États-Unis d’Amérique se disent, « déterminés, dans un communiqué de presse conjoint diffusé hier soir depuis Bruxelles à l’issue d’ultimes tractations, à continuer d’imposer des mesures plus restrictives à la Russie qui l’isoleront davantage du système financier international et de nos économies ».

Parmi ces mesures ciblées arrêtées au plus haut niveau, le communiqué en mentionne cinq. Il s’agit, premièrement, de déconnecter un certain nombre de banques russes —  en plus de Sberbank et Vnechtorgbank (VTB), les deux principales banques russes qui avaient été mises à l’index dès le premier jour des hostilités — du système de paiement interbancaire sécurisé Swift. Swift est l’acronyme de Society for Worldwide Interbank Financial Transactions, un réseau de messagerie fondé en 1993 sous forme de coopérative de droit belge par 239 banques de 15 pays, basé dans la banlieue bruxelloise, à La Hulpe, qui regroupe aujourd’hui la totalité des 2 200 banques et institutions financières présentes dans les 205 pays et territoires que compte la planète et qui permet à ses membres d’effectuer rapidement et de manière sécurisée des millions de transactions financières quotidiennement.

Deuxièmement, c’est la banque centrale russe elle-même, qui s’était immédiatement portée au secours de Sberbank et VTB sanctionnées dès le premier jour, et ses réserves en or et en devises placées auprès des autres banques centrales du monde civilisé qui sont directement visées. Troisièmement, des mesures seraient à l’étude pour limiter la vente de citoyenneté, ces « golden passeports » qui permettent aux riches oligarques russes d’obtenir, par exemple, la nationalité chypriote ou maltaise rapidement moyennant quelques millions d’euros et avoir ainsi accès à l’ensemble du marché financier occidental. Quatrièmement, une alliance transatlantique mieux structurée devrait permettre d’identifier plus facilement et de geler les avoirs des personnes et des sociétés proches de la sphère d’influence poutinienne.

Enfin, cinquièmement, c’est la désinformation qui est aussi directement visée et, en France, il s'agit du spécialiste en désinformation RT qui pourrait être prié de plier bagages.

À moins que Pékin ne lâche Moscou, l’utilisation des prémices de l’arme nucléaire financière fera toutefois assurément plus de mal à l’Occident qu’à la Russie en asséchant ou en fermant le robinet des importations et exportations russes, vitales à l’économie européenne mais c’est le prix à payer pour la démocratie et il faut donc se préparer à de longues restrictions, sous réserve bien entendu que l’on parvienne à éviter la bombe nucléaire par la négociation qui semble toutefois illusoire ou que la raison voire la folie incontrôlée ou le peuple russe lui-même ne se soulève et arrête le Napoléon de pacotille du Kremlin.