Cinéma : Jusqu'à la garde, de Xavier Legrand

Jusqu'à la garde (2017), drame français de Xavier Legrand. Avec Léa Drucker (Miriam Besson), Denis Ménochet (Antoine Besson), Thomas Gioria (Julien Besson), Mathilde Auneveux (Joséphine Besson), Mathieu Saikaly (Samuel), Florence Janas (Sylvia), Martine Vandeville (Madeleine, la mère d'Antoine), Jean-Marie Winling (Joël, le père d'Antoine), Martine Schambacher (Nanny, la mère de Miriam), Jean-Claude Leguay (André, le père de Miriam), Julien Lucas (Cyril), Jérôme Care-Aulanier (opérateur Police-Secours), Alain Alivon (agent de police). 93'. Sortie en salles le 7 février 2018.
Pour sensibiliser à l’élimination des violences faites aux femmes, la section française
Le Soroptimist, qui n’a aucun lien particulier avec l’optimisme même s’il en faut une bonne dose pour mener le combat qui est le leur, est un club exclusivement féminin dont les origines remontent à 1921, en Californie, aux États-Unis. Il est dédié aux « femmes engagées dans la vie professionnelle et sociale qui œuvrent à promouvoir les droits humains pour tous, le statut et la condition de la femme, l’éducation, l’égalité, le développement et la paix » et l’origine du nom viendrait de l’expression latine « sorores ad optimum », c’est-à-dire « sœurs pour le meilleur » ou, dans sa traduction anglaise, « The best for Women ». L’association, qui revendique 76 000 membres et 3 000 clubs répartis dans 123 pays, a acquis le statut d’organisation non gouvernementale (ONG) et est représentée au Conseil de l’Europe et au sein de la plupart des agences onusiennes.
Les violences de l'un exacerbées par les manipulations de l'autre
Le film sur les violences conjugales de Xavier Legrand « Jusqu’à la garde » débute dans le bureau d’une juge aux affaires familiales avec les avocates de Miriam et d’Antoine Besson plaidant sur les mesures provisoires réclamées par leur client respectif. Il y a accord sur le montant de la contribution du père à l'entretien et à l'éducation des deux enfants du couple, Joséphine, presque 18 ans, et Julien, 11 ans, mais motif pris des violences qu’elle reproche à son mari, Miriam réclame la garde exclusive de Julien qui, de surcroît, lors de son audition par la juge, a « confirmé » le caractère violent du père et son désir de ne pas le revoir. Antoine, quant à lui, minimise les violences alléguées non démontrées et réclame un droit de visite et d’hébergement tant qu’il est hébergé par ses parents et une garde alternée dès qu’il aura emménagé dans son nouvel appartement.
Les enfants ne divorçant pas d'avec leurs parents et dans l’intérêt bien compris de Julien, la magistrate va faire droit à la demande du père et c’est l’occasion pour Xavier Legrand de nous faire vivre quelques semaines de la vie de ce couple déchiré irréconciliable avec, au milieu, cet enfant d’à peine 11 ans qui a totalement perdu ses repères et que ses parents utilisent pour leur vengeance personnelle pour atteindre ou faire plier l’autre qui est devenu l’ennemi après avoir pourtant été si proches l’un de l’autre.
Antoine est, certes, d’une nature manifestement violente qui remonte probablement aux rapports eux-mêmes difficiles entretenus avec son propre père et il est sans doute trop tard pour le changer radicalement mais Julien est, à ne pas s’y tromper, « manipulé » — à l’instar de ce qui se passe réellement à l’occasion de divorces conflictuels — par sa mère et ses grands-parents maternels et dans le scénario de ce film rien n’est fait pour faire baisser la tension et revenir à des relations plus apaisées. Bien au contraire, l’enfant appelle son père « l’autre » et lui dit qu’il « peut se le mettre dans le cul ». De quoi rendre violent un doucereux et ce qui devait arriver finira bien par arriver pour le plus grand malheur de tous.
À Paris, jeudi dernier, le débat était animé par deux médecins, Ghada Hatem (gynécologue obstétricienne à l’origine de la création de la Maison des Femmes de Saint-Denis) et Marie-Claude Bossière (pédopsychiatre), deux avocates, Judith Dap-Sinave (avocate au barreau de Versailles) et Marie-Gabrielle Campana-Doublet (avocate honoraire du barreau de Paris), et Diariata N’Diaye (présidente de l’association Résonantes et créatrice de l’application App’elles) mais insuffisamment préparé, il a un peu tourné court. À une question d’un spectateur, l’avocate honoraire, qui a dû somnoler pendant la projection, a en effet d'emblée déclaré que les scènes de violence du film se situaient entre l’audience de conciliation et le délibéré. Une réponse qui a jeté un froid dans la salle, elle a bien tenté de se reprendre mais le mal était fait et LexTimes s’en est allé vaquer à d'autres occupations.
Soroptimist finance aussi des manifestations et des associations dirigées par des hommes ou destinées à un public essentiellement masculin
Sollicitée par LexTimes quant à la place de l'homme dans cette association composée exclusivement de femmes et de la nécessité de dialoguer ensemble pour qu'évoluent les mentalités et les gens dans le sens souhaité de plus de fraternité et de moins de violences, la présidente de Soroptimist France, Evelyne Para, si elle nous a bien confirmé qu'être femme consistait la condition sine qua non pour adhérer à l'association-club qu'elle préside, il n'en demeure pas moins que son action a des visées beaucoup plus généralistes et c'est ainsi que Soroptimist finance aussi, nous dit-elle, des manifestations et des associations dirigées par des hommes ou destinées à un public essentiellement masculin telle que, par exemple, une association qui aide les hommes violents qui acceptent de se faire soigner.