L’autre jour, raconte Philippe Fertray, pantalon à carreaux chatoyants, veste mauve, chemise à fleurs et cravate verte, « j’étais au café, je dis au garçon : "Je voudrais une noisette, un croissant et un verre d’eau, s’il vous plaît". Le type me répond : "pas d’souci !". C’est-à-dire ? Je ne vois pas en quoi une noisette, un croissant et un verre d’eau pourraient lui donner des soucis ?! D’ailleurs, je me fous de savoir s’il a des soucis, le gars ! Non, il pourrait me répondre : "Tout de suite, monsieur !". Ça serait bien "Tout de suite, monsieur". Ça ferait professionnel. On comprend l’idée. Ou, mieux, il pourrait me répondre : "Avec plaisir !". C’est bien "Avec plaisir". Mieux encore, tu sais ce qu’il pourrait me répondre ? Mais je pense qu’il ignore l’existence de cette phrase… Il pourrait me répondre : "Avec joie !". »

Parfaitement ainsi résumé par l’auteur lui-même, ce seul en scène est tout simplement une déclaration de guerre contre tous ces « abus textuels » et autres « déviances langagières » insupportables pour celui qui se les prend en pleine poire et dont il conviendrait, premièrement, de prendre conscience pour, ensuite, y mettre un terme une fois pour toutes et utiliser, uniquement et exclusivement, le bon mot à bon escient. « Pas d’souci !, je vais m’y mettre », me répond machinalement mon assistant.