Spectacle musical : Fini la comédie... Confidences à Dalida

« Fini la comédie... Confidences à Dalida », de Fred Faure et Frantz Morel à l'Huissier. Mise en scène par Sophie Delmas. Avec Fred Faure (lui-même). Au Théâtre Montmartre Galabru
Fred Faure, 54 ans, podologue, gay, a dû mordre sur sa chique pendant toute son adolescence et même bien au-delà. Faire semblant, faire comme s’il n’en était pas en se forçant à « draguer » et à « sortir » avec des filles pour dissimuler sa honte autant que son désir et faire ainsi plaisir à papa et à maman qui n’en demandaient pas plus ni autant.
Complexé à l’extrême devine-t-on, une fois adulte et toutes ses dents de sagesse bien en place, le coming out sera lent et laborieux, croit-on comprendre, et c’est Mémé, sa grand-mère, qui sera la première à recueillir son secret — et à l’accepter — qu’il ne livrera, dans un premier temps, à nul autre si ce n’est à son minitel et les trois premières rencontres acceptées par ce biais dans lesquelles il mettra pourtant tous ses espoirs ne lui procureront ni plaisir ni satisfaction mais sans expérience et ni Clooney ni Pitt, il pouvait difficilement en être autrement avec son physique quelconque dans un milieu où l’éphémère et le futile sont rois. Il finira quand même par se stabiliser et profiter de la vie dans la Creuse (Limousin, annexé dans la Nouvelle-Aquitaine en 2016) et deviendra même une sorte de boute-en-train local avant de remonter sur Paris.
Mais à présent, tout cela est bien terminé, derrière lui, fini la comédie ! Fred assume et le proclame urbi et orbi dans ce « Fini la comédie… Confidences à Dalida », en montant sur les planches — avec sa Dali qu’il affectionne tant et à qui il s’identifie secrètement depuis son enfance — pour prendre un peu de hauteur, après être passé entre les mains de la célèbre professoressa de chant de la Star Academy Armande Altaï et avoir rencontré un des paroliers de son idole, Mat Camison (Rio Do Brasil, 1980), qui lui écrira rien que pour lui deux chansons (Dali oh ma Dali et l’Être que j’aime) pour ce spectacle qui consiste en un déroulé de sa vie sur 18 chansons (Gigi in paradisco, Itsi bitsi petit bikini, Ciao bambina, J’attendrai, Laissez-moi danser,…) de l’icône gay, outre ses deux chansons propres.
Armande Altaï n’est bien évidemment pas parvenue à changer l’eau en vin mais l’intérêt du spectacle est, vous l’avez deviné, ailleurs. C’est un petit garçon, mal dans sa peau, qui, à force de volonté, est parvenu à surmonter moult préjugés et obstacles et a fini par accepter ce qu’il est comme il est et en cela, il mérite un coup de chapeau et peut montrer la voie à ces êtres qui, comme lui, sont des millions à souffrir de leur différence et ont besoin de ce coup de pouce et de cet exemple pour faire leur propre coming out.