Théâtre : Anna Karénine

Anna Karénine, au théâtre de la Contrescarpe. Photo Fabienne Rappeneau.
Anna Karénine, au théâtre de la Contrescarpe. Photo Fabienne Rappeneau.

« Anna Karénine » (2018), d'après le roman de Léon Tolstoï (1877). Adaptation et mise en scène par Laetitia Gonzalbes. Avec Lise Laffont (Anna Karénine), Maroussia Henrich (Varinka), David Olivier Fischer (Alexis Karénine) et Samuel Debure (l'homme sans nom). Au théâtre de la ContrescarpeThéâtre de la Contrescarpe, 5 rue Blainville, Paris-5e. M° Place Monge ou Cardinal Lemoine. Lundi et mardi à 19h30, dimanche à 20h30. De 18 à 26 €. Rés.: 01 42 01 81 88.. Jusqu'au 6 janvier 2019. 90'.

Cette énième Anna Karénine est, prévient l’auteure, Laetitia Gonzalbes, une adaptation libre du chef-d’œuvre éponyme de Léon Tolstoï avec, en plus, un zeste de Bel Ami et d’Enragée ? de Guy de Maupassant, outre une pincée de poèmes et de compositions de Jean Fournée. La trame reste toutefois quasi identique au texte de Tolstoï mais l’amant d’Anna, le beau et jeune comte Vronski, s’il est certes toujours officier se matérialise en une belle et galante comtesse Varinka dans cette adaptation éminemment contemporaine et « en changeant le sexe de l’amant », nous explique l’auteure, tout ce que Tolstoï dénonçait à l’époque dans son œuvre devient « malheureusement d’autant plus actuel », en déplaçant tout simplement le curseur de la condamnation d’hier de l’adultère à celui d’aujourd’hui de l’homosexualité.

Le décor, lui aussi, a une touche marquée de contemporanéité avec, à côté d’une méridienne baroque imposante supposée évoquer la bourgeoisie et ses plaisirs faciles, des cubes, une table et des chaises en plexiglas sont supposés évoquer la rudesse et la froideur russes. Au plafond, des tubes de diodes électroluminescentes aux couleurs criardes — qui auraient davantage leur place dans une discothèque branchée — accompagnent « par leurs couleurs et battements », selon la note de présentation, « les cœurs des protagonistes » deci delà. Itou pour les costumes dont certains pourraient fort bien trouver leur place dans un ballet futuriste ou un bal costumé 19e.

L’homme sans nom, une allégorie de la mort, est omniprésent, du début à la fin, et on s’en fatigue, d’autant que cette présence permanente enlève une part de crédibilité au jeu et au discours des acteurs. Quelques scènes érotico-sensuelles entre les deux femmes un peu gauche mériteraient plus de technicité et de volupté pour être crédibles et pourraient être supprimées à défaut d’être sensiblement améliorées.