Théâtre : Auto-accusation, de Peter Handke

Auto-accusation, au Théâtre-Studio. Photo Marie-Clémence David.
Auto-accusation, au Théâtre-Studio. Photo Marie-Clémence David.

« Auto-Accusation », d'après un extrait (Selbstbezichtigung, Auto-accusation) de la pièce Publikhumsbeschimpfung und andere Sprechstücke (Outrage au public et autres pièces parlées, 1966) de Peter Handke. Traduction de Félicité Chaton et Sarah Blum. Mise en scène par Félicité Chaton. Avec Xavier Legrand (Je). Au Théâtre-StudioThéâtre-Studio, 16 rue Marcelin Berthelot, 94140 Alfortville. M° Ecole vétérinaire de Maisons-Alfort . Du lundi au samedi à 20h30. 20 €. Rés.: 01 43 76 86 56.. Jusqu'au 27 janvier 2018. 60'

Avec une chaise d’église en bois sur un praticable noir pour tout décor dans un « théâtre » on ne peut plus nu et austère avec par ci par là une lumière crue soudaine ou persistante, « Je » va s’autoflageller et s’autoaccuser pendant 60 longues minutes interminables de tous les petits et grands maux et vices que Satan ou, le cas échéant, le Bon Dieu a fait et qu’il a subis ou perpétrés depuis sa conception jusqu’à l’animal social adulte qu’il est à présent devenu, et ce sur tous les tons et dans toutes les postures pour… s’en extraire, se faire pardonner ou est-ce pour s’y complaire, on ne sait guère si ce n’est, peut-être, par l’effet miroir, nous entraîner malgré nous dans son même abîme flagellatoire et accusatoire.

Je s’autoaccuse en effet de tout et de rien, de s’être exposé au soleil, de ne pas avoir aidé quelqu’un dans le besoin, d’avoir trop mangé, d’avoir trop bu, d’avoir trop ou pas assez de ceci ou de cela. Je s’autoaccuse ainsi des mille et une petites et grandes vilaines choses (in)avouables que tout un chacun a commises dans sa vie volontairement ou involontairement, directement ou indirectement.

Ce texte de Peter Handke fait en réalité un écho singulier aux Confessions (397-401) de Saint-Augustin (354-430) que l’auteur a découvertes à ce moment-là, en 1966, et dont le questionnement tourne autour de l’origine du mal.