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Théâtre : Bérénice

Par Alfredo Allegra | LEXTIMES.FR |
Bérénice, à la Scala. Photo Virginie Lançon. Bérénice, à la Scala. Photo Virginie Lançon.

« Bérénice », de Jean Racine. Mise en scène par Muriel Mayette-Holtz. Avec Carole Bouquet (Bérénice, reine de Judée), Frédéric de Goldfiem (Titus, empereur de Rome), Jacky Ido (Antiochus, roi de Commagène ), Augustin Bouchacourt (Paulin) et Ève Perreur (Phénice). À la Scala1 . Jusqu'au 12 octobre 2022. 85'.

  • 1La Scala, 13 boulevard de Strasbourg, Paris-10e. M° Strasbourg-St-Denis. Du mardi au samedi à 21h15 et le dimanche à 17h30. De 15 € à 45 €. Rés.: 01 40 03 44 30.

Dans la tragédie en cinq actes et en vers (1671) — fort proche de la réalité historique connue — de Jean Racine (1639-1699), les assemblées romaines s’opposent à une légitimation des amours de Titus (39-81), futur empereur de Rome, avec Bérénice (28-≈85), reine de Judée, qui sera contrainte de s’en retourner près de son frère, Agrippa II, en Galilée, lors de l’intronisation de son amant en 79. Ni poignard ni poison, rien de tout cela. Il la sacrifie au pouvoir sans la tuer, elle s’en va digne sans se suicider.

Dans cette version revisitée hyper-contemporaine signée Muriel Mayette-Holtz de la Bérénice de Racine, l’intrigue, la chronologie et les personnages — dans des décors et costumes de Rudy Sabounghi — sont identiquement les mêmes mais nous ne sommes plus en 75 mais exactement dix-neuf siècles plus tard, en 1975, et là, ni une ni deux, en pénétrant dans la salle du théâtre (le rideau était levé ou il n’y en a pas, je ne sais plus), hier, à 20 heures 52, j’ai eu le plus grand choc de ma vie en voyant, sans croire que cela pût être possible, la copie conforme de la chambre à coucher de mon premier appartement (à Bruxelles, rue du Bailli, en 1973) loué et mis au goût de l’époque par mon beau-frère « décorateur » avec mes premiers salaires de cambiste : plafond tête-de-nègre, murs et rideaux orange, moquette gris-bleu (qu'il a fallu remettre en blanc lors de mon départ trois ans plus tard).

Avec un Titus en costume-cravate et un roi de Commagène noir, le dépaysement est total et il faut toute la prestance et la majesté de Carole Bouquet pour sauver cette « Bérénice » de ses méandres contemporains dont on ne peut sortir qu’en fermant les yeux et apprécier alors la déclamation sans avoir à souffrir du décor et des costumes qui ne collent pas au texte. Un spectacle pour les aveugles et très mal-voyants.

 

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