Théâtre : Douze hommes en colère

« Douze hommes en colère » (1953, Twelve Angry Men), de Reginald Rose (1920-2002). Nouvelle adaptation française de Francis Lombrail. Mise en scène par Charles Tordjman. Avec (par ordre alphabétique) Jeoffrey Bourdenet, Antoine Courtray, Philippe Crubezy, Olivier Cruveiller, Adel Djemaï, Christian Drillaud, Claude Guedj, Roch Leibovici, Pierre Alain Leleu, Francis Lombrail (Juré n° 3), Pascal Ternisien et Bruno Wolkowitch (Juré n° 8). Au théâtre Hébertot
Quatrième adaptation théâtrale du chef-d’œuvre Twelve Angry Men, écrit en 1953, par le dramaturge américain Reginald Rose, après qu’il ait lui-même été juré dans une affaire assez « macabre », et porté à l’écran en 1957 par Sidney Lumet avec, dans le rôle-clé du juré n° 8, Henry Fonda, cette nouvelle adaptation française est signée Francis Lombrail — qui s’est réservé le rôle du juré n° 3 — et mis en scène par Charles Tordjman.
Le scénario de la pièce de Reginald Rose, aussi bien connu des théâtrophiles que des cinéphiles avertis, est un huis clos entre douze hommes blancs d’âge et de milieu professionnel différents, douze jurés qui, à la suite d’un procès expéditif d’un jeune adolescent noir de 16 ans accusé d’avoir poignardé son père et défendu par un jeune avocat commis d’office sans compétences particulières, ont à décider de sa vie ou de sa mort s’ils parviennent à rendre un verdict unanime dans un sens ou dans l'autre.
Les preuves contre le jeune homme sont pour le moins accablantes et difficilement contestables. De la voisine d’en face qui l’a vu de ses yeux vu au vieil homme du dessous qui a tout entendu, en passant par le commerçant qui lui a vendu — le soir même du parricide — le couteau retrouvé dans le corps de son père, tout en fait accable et désigne le gosse comme le meurtrier voire l’assassin de son géniteur.
Et pourtant, au premier vote, à main levée, un juré vote non coupable, le juré n° 8, la quarantaine, architecte, il va susciter l’agacement et puis instiller rapidement le doute dans l’esprit des autres jurés en démontant, une à une, toutes les preuves à charge et même en mettant le doigt sur celle à décharge passée à la trappe pour parvenir in fine à inverser complètement la tendance et obtenir un vote unanime de non culpabilité. Un tour de force magistral qui, 64 ans plus tard, n’a pas pris une seule ride.