Nous sommes le 24 décembre 2018 et un Étienne tout-à-fait quelconque, comme il en existe des milliers voire des millions de par le monde, fraîchement trentenaire, termine son service de nuit à l’entrepôt Amazon de Saran, dans le Loiret. Et comme d’habitude, il va rentrer chez lui avec sa quatre roues et comme tous les jours que le bon Dieu fait, il va s’endormir aussitôt de lassitude ou de fatigue et rêver, ou plus vraisemblablement cauchemarder, de cartons à empiler, à déplacer ou à expédier aux quatre coins de la France.

Et pour combler sa monotonie professionnelle, il y a aussi son père qui a un problème à la hanche, son ex-femme qui travaille chez Patàpain et qui ne lui laisse pas le temps d’en placer une lors de leurs empoignades téléphoniques, sans oublier le fiston qui joue à cache-cache sous la plateforme de la voie d’essai de l’aérotrain. Mais en cette nuit de Noël, alors que partout ailleurs on termine les restes de la bûche et on ouvre les cadeaux, Étienne A. s’offre, lui, pour la première fois, un rêve sur mesure : il entre dans un de ces cartons de l’entrepôt qui lui sourit, s’y enferme et attend patiemment d’être expédié ailleurs.

L’histoire d’un homme ordinaire qui survit plus qu’il ne vit au milieu de ses colis et de ses petits tracas quotidiens usuels. Nicolas Schmitt passe, avec beaucoup d’habileté, d’un personnage à l’autre dans ce seul-en-scène signé Florian Pâque où il n’est question que de simplicité et d’humanité pour juste donner la parole un bref instant à tous ces sans-nom.