Qui mieux que Sagan pouvait nous révéler et faire découvrir la face cachée de Françoise Quoirez, la petite fille indocile, l’adolescente infernale mais assoiffée dès son plus jeune âge de lectures d’adulte, la jeune fille qui ne décrochera son baccalauréat qu’à la session de rattrapage mais qui, a à peine 18 ans, est devenue, du jour au lendemain, avec Bonjour Tristesse, par la magie et la maîtrise des mots et de l’écriture, un véritable mythe, est devenue Sagan, La Sagan.

Un personnage dont elle restera à tout jamais prisonnière et qu’elle ne quittera plus, même lors de ses excès d’alcool et autres adjuvants jusqu’à l’accident qui la clouera à l’hôpital et au lit pendant trois longs mois avant de commencer à récupérer ses jambes et d’entamer sa première cure de désintoxication qui ne fera guère long feu.

En lisant cette compilation de textes des interviews que Sagan avait accordés au cours des années 50 à 90 et publiés sous le titre Je ne renie rien quelques mois avant son décès, raconte Caroline Loeb qui signe également l’adaptation de cette Françoise par Sagan, « j’ai eu un véritable coup de foudre pour cette pensée subtile, libre et audacieuse, et l’idée d’un monologue s’est tout de suite imposée à moi ».

Mise en scène par Alex Lutz, Caroline Loeb s’est ainsi habilement imprégnée du « charmant petit monstre » qu’elle personnifie parfaitement avec ses mimiques, sa grande mèche blonde et le phrasé semi-enfantin si particulier qui la caractérisait.