Théâtre : Kean

« Kean » (2018), d'après la pièce éponyme (1836) d'Alexandre Dumas (1802-1870). Adaptation de Jean-Paul Sartre. Mise en scène par Alain Sachs. Avec Alexis Desseaux (Kean), Pierre Benoist (le domestique, Peter Patt, lord Mewill et Darius), Sophie Bouilloux (Elena), Jacques Fontanel (le comte), Frédéric Gorny (le prince), Eve Herszfeld (Amy, Fanny et Gidsa), Justine Thibaudat (Anna) et Stéphane Titeca (Salomon). Au théâtre de l'Œuvre
Écrite en 1836 par Alexandre Dumas père pour le célèbre comédien parisien Frédérick Lemaître (1800-1876), « Kean » ou « Désordre et Génie », s’inspirant de la vie tumultueuse du comédien Edmund Kean (1787-1833), raconte l’histoire d’un comédien anglais qui triomphe au théâtre Royal de Drury Lane et que le Tout-Londres court applaudir au début du XIXe siècle.
Aimé par deux femmes, la comtesse Elena, la femme de l’ambassadeur du Danemark en poste dans la capitale britannique, et Anna Damby, une jeune héritière bourgeoise arriviste prête à tout, Kean est un homme très excessif qui se moque de tout et de tous mais compte néanmoins le prince de Galles parmi ses amis et se confond volontiers dans la vie avec ses personnages de théâtre. Submergé par ses passions amoureuses, c’est lors d’une représentation d’Othello que Kean explose littéralement en face de son public et de son rival, le prince de Galles, qui, dans sa loge, cajole la belle comtesse Elena.
Il s’agit de la version révisée et réalisée par Jean-Paul Sartre en 1953 pour Pierre Brasseur et que reprend Alain Sachs avec de talentueux comédiens qui ont totalisé, sans en décrocher une, pas moins de cinq nominations aux Molières 2019. Une mise en « abîme », dit-il, un jeu de miroirs permanent qu’il a voulu développer jusqu’à l’extrême en plaçant huit comédiens, trois femmes et cinq hommes, au cœur d’un dispositif « un tantinet machiavélique, d’une véritable machine à jouer, en les poussant sans retenue jusqu’à l’ivresse de tous les plaisirs de la scène ».