Théâtre : Là-bas, de l'autre côté de l'eau

"Là-bas, de l'autre côté de l'eau", au théâtre La Bruyère. Photo Fabienne Rappeneau.
"Là-bas, de l'autre côté de l'eau", au théâtre La Bruyère. Photo Fabienne Rappeneau.

« Là-bas, de l'autre côté de l'eau », de Pierre-Olivier Scotto. Mise en scène par Xavier Lemaire. Avec Isabelle Andréani (Mme Surgenti), Hugo Lebreton (Jean-Paul), Kamel Isker (Moktar), Noémie Bianco (France), Maud Forget, Chadia Amajod, Teddy Melis, Franck Jouglas, Patrick Chayriguès, Julien Urrutia, Laurent Letellier et Xavier Kutalian. Au théâtre La BruyèreThéâtre La Bruyère, 5 rue la Bruyère, Paris-9e. M° Saint Georges. Du mardi au samedi à 20h45 et le samedi à 15h30. De 24 € à 47 €. Rés.: 01 48 74 76 99.. Jusqu'au 27 novembre 2021. 135'.

France et Moktar ont grandi ensemble au milieu du sable blanc et dans l’insouciance que procure l’enfance. Adolescents, ils ont bien fini par tomber dans les bras l’un de l’autre autant par habitude que par amour. Elle, 18 ans, plutôt nantie, est une mignonne jeune Pied-noir dont les parents, les Surgenti, tiennent une huilerie dans la proche banlieue d’Alger. Lui, plutôt démuni, en plus d’aimer France, est également fort épris de valeurs, épris de liberté et de dignité, aussi bien pour lui-même que pour son peuple et son pays et il aspire à devenir un jour un Algérien à part entière.

Entre ces deux jeunes gens que les évènements vont finir par éloigner, s’invite un banlieusard de la région parisienne, Jean-Paul, 24 ans, un montrougien arrivé en Algérie en 1956 comme « appelé » qui ignore tout de ce qui se trame et va devoir se battre et endurer les pires horreurs de la guerre alors que, tête en l’air, ce qui l’anime plus que tout c’est : le rock, sa guitare et son groupe de musique de Montrouge, un succédané du premier groupe rock français « les Chaussettes noires » d’Eddy Mitchell.

« Là-bas, de l’autre côté de l’eau », comprenez de l’autre côté de la Méditerranée, c’est donc une histoire, autant d’amour et de passion que de guerre, entre ces trois jeunes gens sui sont à la fois semblables, proches et différents et qui, petit à petit, vont devenir les acteurs malgré eux d’une guerre qui n’aurait pas dû être la leur et qui va transformer leur vie.

« La guerre d’Algérie fait partie de mon ADN d’écrivain », explique l’auteur Pierre-Olivier Scotto — dont la prime enfance, de 1954 à 1962, a été bercée par le « fracas des armes » et le « cri des hommes et des femmes blessés » — qui n’a pas hésité deux secondes, comprend-on, lorsque ce projet lui a été suggéré par Xavier Lemaire. Il s’agit d’une forme de feuilleton théâtral, dit le Pied-nord aux quatre générations d’italiens, d'espagnols, et de français établis dans ces « terres ensoleillées », une « fresque épique autour d’une histoire familiale » et effectivement, on a l’impression de pénétrer et de plonger dans un documentaire, formé de plusieurs dizaines de saynètes, plutôt dramatiques que comiques, et images d’archives à l’appui.