Théâtre : La cantatrice chauve d'Eugène Ionesco

La cantatrice chauve, au théâtre le 13ème Art, jusqu'au 10 décembre 2017. Photo William Pestrimaux.
La cantatrice chauve, au théâtre le 13ème Art, jusqu'au 10 décembre 2017. Photo William Pestrimaux.

« La cantatrice chauve » (2017), de la pièce éponyme (1950) d'Eugène Ionesco (1909-1994). Mise en scène par Pierre Pradinas. Avec Romane Bohringer (Mrs. Smith), Stephan Wojtowicz (Mr. Smith), Aliénor Marcadé-Séchan (Mrs. Martin), Matthieu Rozé (Mr. Martin), Julie Lerat-Gersant (Mary, la bonne) et Thierry Gimenez (le capitaine des pompiers). Au théâtre le 13ème ArtThéâtre le 13ème, 30 avenue d'Italie, Paris 13e. M° place d'Italie. Du mardi au samedi à 19h et le dimanche à 17h. De 19 € à 50 €. Rés. : 01 53 31 13 13.. Jusqu'au 10 décembre 2017. 75'. Et au théâtre de la HuchetteThéâtre de la Huchette, 23 rue de Huchette, Paris 5e. M° Saint-Michel. Du mardi au samedi à 20h. De 19 € à 50 €. Rés. : 01 43 26 38 99. depuis 1957, dans une mise en scène de Nicolas Bataille. Avec Dominique Scheer (Mrs. Smith), Laurent Suire (Mr. Smith), Hélène Cohen (Mrs. Martin), Didier Bailly (Mr. Martin), Nicole Huc (Mary, la bonne) et Claude Leblond (le capitaine des pompiers).

Il est 21 heures, les Smith — un couple de bourgeois londonien — ont terminé de dîner et sont dans le salon où, comme eux-mêmes, depuis toujours ou si ce n’est au moins depuis plusieurs générations, tout — y compris le silence et l’indicible — est absolument anglais, résolument british. Lui, lit un journal, anglais bien sûr et elle, fait de la broderie, anglaise bien sûr. Tout, absolument tout, est anglais et ici pas de domestique portugaise, espagnole ou africaine, même la bonne, Mary, est anglaise.

Ils bavardent — dans la langue de Molière, à titre exceptionnel bien sûr, pour être mieux compris d’une majorité du public parisien et pour que la barrière de la langue ne constitue pas un frein à l’essaimage de l’humour anglais bien sûr, vu par un franco-roumain — en attendant les Martin qui doivent venir dîner et échangent des propos aussi futiles qu’incongrus sans queue ni tête qui frisent voire dépassent nettement l’absurde tel qu’on le conçoit de ce côté de la Manche. La cantatrice chauve en effet, affirme Mrs. Smith, « se coiffe toujours de la même façon ».

La cantatrice chauve, au théâtre de la Huchette.
La cantatrice chauve, au théâtre de la Huchette, depuis 1957. Photo Benjamin Meignan.

La Cantatrice chauve se joue au théâtre de la Huchette à Paris depuis 1957 dans des décors, des costumes et une mise en scène très anglaise, très british, de Nicolas Bataille qui a signé la première, le 11 mai 1950, au théâtre des Noctambules mais elle a, bien évidemment, été source d’inspiration pour beaucoup d’autres metteurs en scène et notamment Jean-Luc Largarce (1992), Jean-Claude Berutti (2004) ou Alain Lahaye (2009).

La dernière création en date de la Cantatrice chauve est due à Pierre Pradinas et a pris ses quartiers pour quelques semaines dans le tout nouveau théâtre parisien, le 13ème Art. Un amphithéâtre ultramoderne avec une scène immense situé dans le sous-sol de la galerie commerciale de la place d’Italie. Il s’agit d’une version un peu plus musicale, portée par Romane Bohringer dans le rôle de Mrs. Smith, avec des décors et des costumes un peu moins anglais mais un peu plus absurdes.

Première pièce d’Eugène Ionesco, l’idée de la Cantatrice chauve lui est venue, semble-t-il, alors qu’il tentait d’apprendre l’anglais via la méthode bien connue Assimil, c’est en effet l’enchaînement de phrases courtes et sans aucun rapport entre elles qui est à l’origine de ce texte d’anthologie.