Théâtre : La Vie matérielle

« La Vie matérielle de Marguerite Duras », d'après le recueil éponyme La Vie matérielle (sous-titré Marguerite Duras parle à Jérôme Beaujour, Éditions P.O.L., juin 1987, 158 p., 11,15 €). Adapté par Michel Monnereau et mise en scène par William Mesguich. Avec Catherine Artigala (Marguerite Duras). Au Théâtre Lucernaire
Le « livre » dont est tiré cette pièce, écrit Marguerite Duras elle-même, « n’a ni commencement ni fin, il n’a pas de milieu. Du moment qu’il n’y a pas de livre sans raison d’être, ce livre n’en est pas un. Il n’est pas un journal, il n’est pas du journalisme, il est dégagé de l’événement quotidien. Disons qu’il est un livre de lecture. Loin du roman mais plus proche de son écriture — c’est curieux du moment qu’il est oral — que celle de l’éditorial d’un quotidien. J’ai hésité à le publier mais aucune formation livresque prévue ou en cours n’aurait pu contenir cette écriture flottante de La Vie matérielle, ces aller-et-retour entre moi et moi, entre vous et moi dans ce temps qui nous est commun. »
À l’instar du livre qui n’en est pas un, cette adaptation théâtrale de confidences et de divagations plus ou moins intimes n’est bien évidemment pas une pièce de théâtre, juste un seul en scène, un peu décousu, sans queue ni tête, dans lequel Catherine Artigala, mimant parfaitement et s’identifiant complètement à Marguerite Duras, évoque pêle-mêle les personnages emblématiques de ses romans et des thèmes plus personnels tels que la condition féminine, l’alcool, le sexe et, surtout, sa rencontre et sublime relation avec son jeune et dernier compagnon, Yann Andréa, pour qui elle aura été tour à tour et tout à la fois une mère, une sœur, une amie, un mentor et sans doute même une amante.