Théâtre : Le C.V. de Dieu

Le C.V. de Dieu, au théâtre la Pépinière. Photo Ch. Vootz.
Le C.V. de Dieu, au théâtre la Pépinière. Photo Ch. Vootz.

« Le CV de Dieu », de Jean-Louis Fournier. Mise en scène par Françoise Petit. Avec Jean-François Balmer (Dieu) et Didier Benureau (le directeur des ressources humaines d'une grande entreprise). Au théâtre la PépinièreLe théâtre la Pépinière, 7 rue Louis le Grand, Paris-2e. M° Opéra ou Pyramides. Du mardi au samedi à 19h et le dimanche à 16h. 34 €. Rés.: 01 42 61 44 16. . Jusqu'au 6 janvier 2019. 75'.

Il avait tout terminé (le ciel, le soleil, la mer, la terre, les animaux, les poissons, l’homme,… et tout ce qui allait avec) et, il faut bien le reconnaître, Dieu était manifestement assez satisfait du résultat en général et de lui-même en particulier. N’ayant toutefois plus rien à faire de consistant pour parachever l’ensemble, il s’ennuyait à mourir et était incapable de remplir ses journées interminables qui lui paraissaient de plus en plus longues en même temps qu’il sombra petit à petit dans une profonde et irrésistible mélancolie. Il tenta bien de se reprendre en main et de faire semblant de s’occuper avec de petites babioles de-ci de-là mais le cœur n’y était plus du tout et réalisa qu’il lui fallait à tout prix trouver rapidement une activité qui le captive car, dit-il, « je m’emmerde ».

Il décida alors de chercher du travail et commença par rédiger son curriculum vitæ (C.V.) — photos, références et détails à l'appui, il faisait pas moins de quatre tomes — et une lettre de motivation exemplaire sans la moindre faute d'orthographe qu’il envoya à plusieurs multinationales terrestres et fut presque aussitôt convoqué au siège de l’une d’elles pour une semaine de tests et d’entretiens qui débute, dès le lundi matin, par un long entretien avec le directeur des ressources humaines.

Il fallait bien évidemment un culot et un esprit passablement dérangé — dans tous les sens du terme — pour songer à pareille histoire insolite sans queue ni tête, Jean-Louisi Fournier, mais le travail ne s'est point arrêté là, il a également fallu trouver quelqu'un du même acabit pour la mettre en scène, François Petit, et deux autres avec suffisamment de sérieux et d'humour, Jean-François Balmer et Didier Bénureau, pour accepter de se livrer à un tel blasphème. Le résultat est ce qu'il est. On rit, on rigole, alors qu'on ne devrait pas. De retour chez soi, on s'inflige trois Ave et deux Pater. Histoire de ne pas brûler en enfer au cas où.