Théâtre : Le serment d'Hippocrate

Le serment d'Hippocrate, au théâtre 14. Avec, de g. à dr., Yvette Poirier, Patrick Pelloquet, Christine Peyssens, Gérard Darman et Pierre Gondard. Photo Lot.
Le serment d'Hippocrate, au théâtre 14. Avec, de g. à dr., Yvette Poirier, Patrick Pelloquet, Christine Peyssens, Gérard Darman et Pierre Gondard. Photo Lot.

« Le serment d'Hippocrate » (2014), d'après la pièce éponyme (in "Théâtre complet - Pièces baroques II", éditions Hesse, 1994, épuisé) de Louis Calaferte (1928-1994). Mise en scène par Patrick Pelloquet. Avec Gérard Darman (Papa), Pierre Gondard (docteur Blondeau père), Patrick Pelloquet (Lucien), Christine Peyssens (Madeleine), Yvette Poirier (Bon maman) et Georges Richardeau (docteur Blondeau fils). Au théâtre 14Théâtre 14, 20 avenue Marc Sangnier, Paris-14e. M° Porte de Vanves. Mardi, vendredi et samedi à 20h30, mercredi et jeudi à 19h et samedi à 16h. 25 €. Rés.: 01 45 45 49 77.. Jusqu'au 22 avril 2017. 90'.

Pendant que tout le reste de la famille déjeune, Bon maman, 77 ans, mère de Madeleine, fait les cent pas dans l’appartement et tombe subitement en syncope. Le médecin de famille étant indisponible, c’est au docteur Blondeau que Lucien, mari de Madeleine, fait appel.

Le docteur Blondeau, septuagénaire, spécialiste de l’intestin, arrive aussitôt et malgré l’absence de douleurs et la bonne santé de Bon maman, il lui sera prescrit moult comprimés, piqûres et autres suppositoires pour soigner des douleurs intestinales qui sommeillent encore en elle car il vaut mieux prévenir que guérir.

Quelques instants plus tard, nouveau coup de sonnette et c’est un autre docteur Blondeau, beaucoup plus jeune, confus, qui se présente et explique que son père, ancien médecin à la retraite, ne supporte pas la solitude et passe parfois à son cabinet pour relever les coordonnées de ses clients sur son agenda et qu’il gratifie ensuite de sa visite.

Le docteur Blondeau junior, spécialiste du foie, se livre alors à une nouvelle auscultation de Bon maman avant de lui prescrire, lui aussi, toute une panoplie de comprimés, piqûres et suppositoires en quantité quasi industrielle pour prévenir et guérir un mal au foie dont elle n’a pas, non plus, encore conscience.

Véritable spécialiste de l’œuvre théâtrale de Louis Calaferte, Patrick Pelloquet, qui s’est offert le rôle de Lucien et qui signe la mise en scène, n’en est pas à son coup d’essai car ce Serment d’Hippocrate, créé pour le festival off d’Avignon de 2014, vient après Les Mandibules (1996), Une souris grise (2004) et La bataille de Waterloo, L’Entonnoir et Trafic (2009) du même auteur. J’aime raconter, dit-il, « la vie de ces personnages en prise avec des problématiques qui les dépassent dans un monde trop grand pour eux ».

Comédie drôle et grinçante au premier degré mais critique acerbe au second degré de la médecine d’hier et d’aujourd’hui qui, pour le moindre petit rhume ou bobo, nous noie de remèdes plus ou moins inutiles qui pourront bientôt — si cela ne se fait déjà — nous être prescrits et délivrés sans se déplacer. À aller voir sans trop penser à vos petits maux !