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Théâtre : Les mots pour le dire

Par Alfredo Allegra | LEXTIMES.FR |
Les mots pour le dire, au théâtre l'Archipel. Photo Philippe Escalier. Les mots pour le dire, au théâtre l'Archipel. Photo Philippe Escalier.

« Les mots pour le dire » (2018), d'après le roman éponyme autobiographique (Grasset, Paris, oct. 1976, 320 p., 17,30 €) de Marie Cardinal (1928-2001). Adaptation de Jade Lanza. Mise en scène par Frédéric Souterelle. Avec Jade Lanza (Marie, la patiente) et Françoise Armelle (Solange, la mère), et les voix de Daniel Mesguich (le psychanalyste), Grégory Laisné (le marchand d'habits), Mélanie Paillié (la gouvernante) et Frédéric Souterelle (le père). Au théâtre l'Archipel1 . Jusqu'au 19 janvier 2019. 70'.

  • 1Théâtre l'Archipel, 17 boulevard de Strasbourg, Paris-10e. M° Strasbourg-Saint-Denis. Du jeudi au samedi à 19h30. 22 €. Rés.: 01 73 54 79 79.

Au tout début des années 60, Marie n’en peut plus de se vider de tout son sang de manière régulière et c’est ainsi qu’après avoir renoncé à se faire enlever l’utérus comme le lui suggérait son gynécologue, elle va prendre son courage à deux mains pour se diriger vers un psychanalyste et essayer ainsi de mettre un terme à son mal-vivre et à son mal-être en faisant remonter tout ce qui est profondément enfoui en elle depuis des décennies pour pouvoir l’éliminer.

Au fil de ses séances chez le psy, victime d’une Folcoche qu’elle va finir par dompter et contrôler a posteriori, Marie va laisser surgir un à un tous ses traumatismes et s’en débarrasser définitivement.

Il en va ainsi notamment d’une soupe au vomi que sa mère l’a contrainte à manger, d’une douche glacée pour la calmer alors que c’était son grand frère qui était le fautif mais, sans doute et surtout, cet ignoble aveu de sa mère lui narrant par le menu la manière dont — enceinte de ce troisième enfant non désiré et catholique pratiquante ne pouvant avoir recours à l’avortement — elle avait vainement tout essayé pour la tuer in utero en multipliant marches à pied, courses à bicyclette, randonnées équestres et autres joyeusetés fatigantes et exténuantes susceptibles de lui permettre de parvenir à ses fins.

Jade Lanza, qui s’est en outre réservé le rôle phare pour elle-même, signe ici une adaptation théâtrale fort bien soignée de ces Mots pour le dire autobiographiques de Marie Cardinal qui, 42 ans plus tard, font toujours aussi mal à voir et à entendre dans un monde où ils sont, aujourd’hui encore, des millions à la vivre au quotidien cette maltraitance en tant que bourreau ou victime qui, elle-même, à son tour, deviendra bourreau sans une prise de conscience et une thérapie adaptée.

La scène est fort ingénieusement partagée en trois espaces où Marie évolue simultanément avec au centre, la narratrice sur un promontoire qui se déplace côté cour dans le cabinet du psychanalyste et côté jardin dans ses souvenirs où elle retrouve, ou plutôt subit, sa mère.

 

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