Théâtre : Les parents terribles

« Les parents terribles » (2020), comédie dramatique (1938) de Jean Cocteau. Mise en scène par Christophe Perton. Avec Charles Berling (Georges), Muriel Mayette-Holtz (Yvonne, dite Sophie), Maria de Medeiros (Léo-nie), Émile Berling (Michel) et Lola Créton (Madeleine). Au Théâtre Hébertot
La mère, Yvonne, maniaco-dépressive, se nourrissant principalement à l’insuline, entretient une relation très fusionnelle avec son fils adoré, Michel, qui — on ne sait pourquoi, la surnomme Sophie — lui annonce qu’il « aime » une jeune femme de son âge, Madeleine, qui n’est autre que la maîtresse de son père, Georges, qui, avant de convoler en jutes noces avec Yvonne, a été l’amant de sa belle-sœur, Léonie, qui les entretient, tous les trois, dans un très bel appartement parisien et qui va décider de mettre son nez dans la relation des uns et des autres pour sauvegarder les équilibres fragiles de ces « Parents terribles » mais surtout, sans doute, pour se venger de celle qui lui a pris naguère son amant et qu’elle nourrit depuis pour rester près de celui qu’elle n’a jamais cessé d’aimer.
La pièce écrite, en 1938 par Jean Cocteau (1889-1963), à la commande et pour son jeune amant, Jean Marais (1913-1998) — qui interprétera le rôle de Michel dans la première version de 1938 au théâtre des Ambassadeurs (actuel Espace Cardin) puis aux Bouffes-Parisiens et le rôle de Georges dans une version dont il signera lui-même la mise en scène en 1977 au théâtre Antoine —, a été fort critiquée lors de sa sortie par la presse d’extrême droite et notamment Robert Brasillach en tête qui n’avait pas de mots assez durs pour éreinter et injurier l’œuvre et l’auteur. On peut certes en rigoler aujourd’hui même si la vie est un éternel recommencement et que « la Manif pour tous » n’est en réalité pas si loin que cela.
Dans cette dernière version que signe Christophe Perton et qui s’appuie, dit-il, sur « le texte du manuscrit original perdu qu’il aurait incidemment retrouvé », les cinq comédiens excellent dans leur rôle de composition respectif mais ces parents sont-ils si terribles que cela ? La réalité ne dépasse-t-elle pas parfois, souvent, la fiction, a-t-on coutume dire ? Courez-y, allez voir par vous-mêmes !