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Théâtre : Libres ! ou presque...

Par Alfredo Allegra | LEXTIMES.FR |
Libres ! ou Presque..., au Palais des Glaces. Libres ! ou Presque..., au Palais des Glaces.

« Libres ! ou presque... », de et avec Jean Franco (Moïshe) et Guillaume Mélanie (André). Mise en scène par Raymond Acquaviva. Au Palais des Glaces1 . Jusqu'au 6 mai 2018. 80'.

  • 1Palais des Glaces, 37 rue du Faubourg du Temple, Paris-10e. M° Goncourt ou République. Du mercredi au samedi à 19h30 et le dimanche à 16h. De 22 à 32 €. Rés.: 01 42 02 27 17.

Auteurs et interprètes — sous l’œil bienveillant de leur complice Raymond Acquaviva qui en est à sa troisième réalisation commune — de cette pièce tragi-comique Libres ! ou presque…, Jean Franco et Guillaume Mélanie campent respectivement un (très) petit juif maigrichon à l’étoile jaune et un (très) grand homosexuel baraqué au triangle rose sous sa vareuse d’officier allemand que tout oppose et qui se rencontrent fortuitement, au cours de l’été ’42, à Paris, au siège de la Gestapo, et un concours de circonstances va leur permettre de s’enfuir ensemble, menottés l’un à l’autre, et de gagner la zone libre.

Moïshe et André vont ainsi tenter de rejoindre Clermont-Ferrand et la zone libre en voiture, en train, en bicyclette et à pied, avant d’être repris et emprisonnés ensemble dans une prison dijonnaise d’où ils s’évaderont à nouveau et finiront quand même par rejoindre, non sans mal, la zone libre qui sera alors le théâtre, après cette folle épopée, d’une séparation aussi déchirante qu’impossible à vivre pour les deux protagonistes devenus quasi inséparables et à voir pour les spectateurs en larmes ou, selon le cas pour les plus aguerris, pliés en quatre de rire.

Avec un gros saucisson et des pommes pour toutes victuailles dans leur besace, Moïshe est condamné à un régime végétarien des plus strictes et c’est André qui — bien qu’il ignore de quoi il s’agit exactement — va multiplier les efforts pour lui offrir son chabbat rituel. Une bien jolie leçon de solidarité et de fraternité.

D’un sujet fort grave et sérieux, nos deux compères sont parvenus à faire œuvre de comédie, d’une délicatesse inouïe, où se mêlent tour à tour ou simultanément pleurs retenus et rires explosifs, sans heurter ni blesser ni les étoiles jaunes ni les triangles roses dans cette pièce qui constitue assurément un petit bijou à mettre dans toutes les mains et dans toutes les têtes de toutes couleurs et de toutes confessions.

 

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