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Théâtre : L'ordre des choses

Par Alfredo Allegra | LEXTIMES.FR |
L'ordre des choses, au théâtre de la Michodière. L'ordre des choses, au théâtre de la Michodière.

« L'ordre des choses », de Marc Fayet. Mise en scène par Richard Berry. Avec Gérard Darmon (Bernard Hubert), Vincent Desagnat (Thomas) et Pascale Louange (Juliette Hubert). Au théâtre de la Michodière1 . Jusqu'au 6 janvier 2019. 90'.

  • 1Théâtre de la Michodière, 4 bis rue de la Michodière, Paris-2e. M° Quatre-Septembre. Du mardi au samedi à 20h30 et le dimanche à 15h30. De 15 € à 61 €. Rés.: 01 47 42 95 22.

Bernard Hubert, la soixantaine, infertile, et sa toute jeune compagne, Juliette, 36 ans, voient un beau jour débarquer chez eux un très séduisant trentenaire, Thomas, qui prétend, test ADN à l’appui, être le fils de Bernard par insémination artificielle de sa mère en 1980 lequel, le premier choc passé, va effectivement se rappeler qu’en 1975, avant de s’être fait vasectomiser, qu’il a fait don à la science de quelques spermatozoïdes qui avaient été congelés et auraient donc été utilisés.

On est ainsi en plein débat actuel de PMA (procréation médicalement assistée) et de GPA (gestation pour autrui) avec la question lancinante dont la réponse n’est pas simple et reste ouverte de savoir s’il y a un droit pour l’enfant ainsi conçu d’avoir accès à ses origines et dans l’affirmative, le droit du donneur à pouvoir s’y opposer ou le « risque » de voir les donneurs réfléchir à deux fois avant d’envisager ou d’accepter de donner ce spermatozoïde qui donnera la vie à quelqu’un qui n’a rien demandé par la seule volonté de quelqu’un d’autre qui en avait très envie. Une relation triangulaire dont les droits des uns (droit de fonder une famille et droit d’avoir un enfant) empiètent sur les droits des autres (droit de connaître son géniteur et don anonyme) qui ne sont pas aisément conciliables pour ne pas dire inconciliables.

Que veut dire être père et à quel moment le devient-on, sont les deux questions que l’auteur, Marc Fayet, dit s’être posées avant de songer à l’écriture de ce texte qui aborde également l’autre versant de la question avec l’impossibilité d’être mère du fait de sa propre infertilité, de celle de son partenaire ou du sexe de sa partenaire. Autant de situations où le don ou le prêt d’utérus engagent non seulement les protagonistes d’aujourd’hui mais aussi ce petit être qui réclamera ses propres droits dans vingt ou trente ans.

D’un sujet aussi sérieux, Marc Fayet en a fait une comédie avec la complicité de Richard Berry qui signe la mise en scène et qui avait envie, dit-il, « de mettre en scène un fait de société, irréversible, le désir d’enfant à tous prix et tous les moyens mis au service de cette obsession » avec, à la clé, une volonté de « donner raison à chacun, à tour de rôle, de faire entendre leurs arguments avec conviction et ferveur ».

 

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