Théâtre : Main dans la main

« Man dans la main » (2018), de et mise en scène par Alexandre Oppecini. Avec Fabien Ara (Paul) et Nathanaël Maïni (Manu). Au théâtre du Marais
« Je crée un monde imaginaire où je cache un secret honteux qui fera de moi un adolescent teigneux », confesse l’auteur-metteur en scène Alexandre Oppecini d’origine corse qui dit écrire « la vie de celles et ceux qui sont rongés par des douleurs sourdes, des tendresses refoulées et des vérités à crier ».
De ce secret honteux — encore plus difficile, il est vrai, à vivre dans un petit bourg corse que dans la capitale — et de cette envie d’écrire sur les moins bien lotis de la planète a germé ce texte-témoignage « Main dans la main » qui remonte à 2018, dans lequel d’aucuns pourront aisément se reconnaître, mais qui, covid oblige, n’est théâtralisé à Paris, dans une obscure mais fort ancienne petite salle du quartier gay, que cinq années plus tard.
Pour s’être tenus par la main dans la rue, Manu et Paul ont été sauvagement agressés par trois loubards homophobes. Manu a été très salement amoché de la tête aux pieds et a dû être hospitalisé. À ses côtés, Paul, pensif, se remémore les moments clés de leur relation qu’il nous livre, sans pudeur, un peu crument même un peu limite vulgaire, en nous arrachant parfois une larme ou un rictus.
Paul, parisien, vendeur chez H&M, collectionne les aventures d’un soir. Manu, corse récemment monté à Paris, informaticien, n’assume que très modérément son homosexualité et a même été marié pendant une petite année dans une première vie. Seul point commun, ils ont, tous deux, la trentaine et ils se sont connus sur Grindr, l’application aux « 10 millions d’utilisateurs pour les coups d’un soir », et le coup d’un soir s’est prolongé et encore prolongé jusqu’à — malgré les fortes réticences de Paul qui ne voulait s’attacher à quiconque — une première pizza et ensuite une seconde jusqu’à emménager ensemble et tutti quanti.
Ils se sentaient tellement bien ensemble pour finir qu’ils se promenaient dans la rue en se tenant la main…