Amis très proches depuis la plus petite enfance, leurs relations amicales se sont récemment distendues on ne sait trop pourquoi mais on croit deviner, H2 est un quasi poète semi-schizophrène hyper-émotif et sensible à la traîne et H1 est un cadre supérieur brillant à qui tout ou presque réussit dans la vie et il va finir par se rendre chez H2 pour crever l'abcès et lui demander avec insistance ce qui ne va pas, ce qui ne va plus, jusqu'à ce qu'il lâche, meurtri au plus profond de lui-même, la petite phrase assassine qui l'a blessé il y a quelques temps : « C'est bien... ça ».

Juste trois petits mots de H1 qui auraient été prononcés sur un ton légèrement condescendant et avec un tout petit temps mort entre le second et le troisième mot au lieu du vaillant et percutant « C'est bien ça » attendu et espéré par son ami à l'occasion d'un petit succès sont à l'origine de la distanciation, de la fracture, entre les deux hommes qui vont en appeler à la voisine pour en juger.

Ce très beau texte de Nathalie Sarraute sur ces trois fois rien de non-dits et de petits silences parfois imperceptibles qui ont la capacité d'en dire davantage et de faire plus mal que de longs propos tonitruants et orduriers est magistralement interprété par Nicolas Vaude.

Créée comme une pièce radiophonique en décembre 1981 et publiée aux éditions Gallimard en 1982, Pour un oui ou pour un non a été présentée pour la première fois en 1986, au théâtre du Rond-Point à Paris, dans une mise en scène de Simone Benmussa avec dans les deux rôles principaux Jean-Louis Trintignant et André Dussollier, et elle a été filmée pour La Sept, en 1988, par Jacques Doillon.