Théâtre : Pourvu qu'il soit heureux

Pourvu qu'il soit heureux, au théâtre Antoine. Ptoto Svend Andersen.
Pourvu qu'il soit heureux, au théâtre Antoine. Ptoto Svend Andersen.

« Pourvu qu'il soit heureux » (2018), de Laurent Ruquier. Mise en scène par Steve Suissa. Avec Fanny Cottençon (Claudine), Francis Huster (Maxime) et Louis Le Barazer (Camille). Au théâtre AntoineThéâtre Antoine, 14 boulevard de Strasbourg, Paris-10e. M° Strasbourg-Saint-Denis ou Château d'eau. Du mardi au samedi à 21h et samedi et dimanche à 16h. De 19 à 60 €. Rés. 01 42 08 77 71.. Jusqu'au 31 décembre 2018. 90'.

Claudine et Maxime jouissent paisiblement de leurs vacances à Concarneau (Finistère) lorsqu’un beau matin ensoleillé, ils découvrent l’orientation sexuelle de leur fils, Camille, 23 ans, à la Une et en pages intérieures du news people Voici, qui s’affiche ouvertement avec un très bel acteur de série télé de 30 ans son aîné.

En trois actes, Laurent Ruquier, dans ses propres murs au théâtre Antoine et auteur de ce très joli plaidoyer pour la cause homosexuelle dont il connaît et maîtrise parfaitement bien le sujet de l’intérieur sous tous ses angles, passe de la comédie franchouillarde homophobe au drame rédempteur de tous les pro-manifpourtous, de l’abjection sans concession à l’acceptation totale pourvu qu’il soit heureux car c’est ce qui compte uniquement, lui, qu’il soit heureux comme il est.

Cadeau dans le cadeau et sans doute une première dans les annales du théâtre contemporain à notre connaissance, Ruquier nous offre pour le même prix deux versions du premier acte introductif. Dans la première version, c’est le père, Francis Huster, qui va jouer à la victime et à l’incompréhension de ce fils qu’il faut « soigner » et remettre « dans le droit chemin ». Rideau. Applaudissements.

Le rideau se lève à nouveau et voilà qu’ils rejouent la même scène, se dit-on intérieurement, fort étonnés et les yeux écarquillés à se décrocher les paupières. Et bien non, c’est une seconde version, complètement différente, un peu moins surjouée, avec la mère cette fois-ci, Fanny Cottençon, dans le rôle de celle qui se victimise et qui peine à comprendre la tuile qui leur est tombée sur la tête.

Le second acte se passe, à Paris, dans l’appartement de Camille qui — en adulte et en assumant pleinement ce qu’il est et ce qu’il veut maintenant et plus tard dans la vie — va rassurer ses parents qu’ils n’y sont pour rien et ne sont pas fautifs, tout en leur expliquant par le menu ce qu’ils acceptent parfaitement d’une manière générale au nom de la liberté de chacun et du mariage pour tous depuis 2013 mais ont franchement beaucoup de mal à le comprendre et à l’accepter s’agissant non pas d’une personne abstraite quelconque mais de leur propre fils sur lequel ils misaient tout.

Le troisième acte nous fait basculer de la comédie au drame avec la défénestration de l’amant de Camille et le refus de la famille qu’il reste à l’hôpital à son chevet, ce qui va permettre à papa et maman de se réapproprier leur fils tel qu’il est pour le plus grand bonheur de tous.