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Théâtre : Qui vole un œuf

Par Alfredo Allegra | LEXTIMES.FR |
Qui vole un œuf, au théâtre le Funambule. Photo Fabienne Rappeneau. Qui vole un œuf, au théâtre le Funambule. Photo Fabienne Rappeneau.

« Qui vole un œuf », de Julie Neveux. Mise en scène par Sandra Everro. Avec Floriane Muller (Sandrine Joyeux), Isabelle Ferron (Blandine), Jane Resmond (Barbara) et Arnaud Cassand qui joue les quatre rôles masculins. Au théâtre le Funambule1 . Jusqu'au 21 avril 2019. 75'.

  • 1Théâtre le Funambule, 53 rue des Saules, Paris-18e. M° Lamarck-Caulaincourt. Du mercredi au samedi à 19h30 ou 21h. 28 €. Rés.: 01 42 23 88 83.

Sandrine n’a que le nom de « Joyeux » et cumule en fait, à elle seule, tous les malheurs de la terre que le ciel a décidé de lui faire porter et qui pourraient pourtant être fort bien partagés sur plusieurs têtes. À peine plus ou moins guérie d’un cancer et encore perruquée, Sandrine Joyeux doit ainsi aussi faire au décès impromptu de son mari et le projet de FIV (fécondation in vitro) auquel ils projetaient d’avoir recours semble du même coup bien compromis en ce pays où le droit de paternité est refusé aux défunts quand bien même l’eussent-ils fermement souhaité de leur vivant.

Battante s’il en est, Sandrine se met alors en tête — avec l’aide et la complicité d’une cousine avocate catho, Blandine, et d’une infirmière libérée ex-compagne de son défunt mari, Barbara — de récupérer ses embryons congelés, en faisant chanter le médecin prétendument sexiste qui les détient, pour une insémination post-mortem à Barcelone, en Espagne. C’est ainsi que, glacière à la main, nos trois intrépides vont braver tous les interdits pour se rendre, policiers aux trousses, de Paris à Barcelone, de Barcelone à Bruxelles et de Bruxelles à Paris.

C’est un sujet éminemment et extrêmement sérieux que l’auteur, Julie Neveux, a choisi de traiter avec une certaine drôlerie mais ça sonne, malheureusement, parfois faux et on aurait pu faire l’économie d’un certain nombre de courses-poursuites qui n’apportent rien au fond ou à la forme.

Dans une espèce bien particulière, dans sa forme la plus solennelle, le Conseil d’État1 a ordonné en 2016 qu’il soit procédé à l’exportation des gamètes vers l’Espagne car seule la maladie avait empêché un couple de mener à bien leur projet d’avoir un enfant et de réaliser un dépôt de gamètes en Espagne en vue d’une possible insémination post mortem. Souffrant d’une maladie grave dont le traitement risquait de le rendre stérile, l’époux avait procédé, à titre préventif, à un dépôt de gamètes dans le centre d’étude et de conservation des œufs et du sperme de l’hôpital Tenon, dans l’intention de bénéficier d’une assistance médicale à la procréation mais le projet n’avait pu aboutir en raison de la détérioration brutale de son état de santé qui avait entraîné son décès, étant précisé qu’avant son décès, il avait explicitement consenti à ce que son épouse puisse bénéficier d’une insémination artificielle avec ses gamètes à titre posthume en Espagne, pays d’origine de l’épouse, qui autorise l’insémination post mortem.

 

  • 1CE, ass., 31 mai 2016, n° 396848, Gonzalez-Gomez.

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