Théâtre : Ruy Blas, de Victor Hugo

« Ruy Blas » (1838), pièce en cinq actes et en vers de Victor Hugo (1802-1885). Mise en scène par Vincent Caire. Avec Damien Coden (Ruy Blas), Karine Tabet (Doña María de Neubourg, reine d'Espagne), Franck Cadoux (Don Salluste de Bazan, marquis de Priego), Gaël Colin ou Vincent Claire (Don César de Bazan, le comte de Camporeal, Don Antonio Ubilla, une duègne), Cédric Miele (Don Curitan, Don Manuel Arias, l'alcade, un alguazil), Alexandre Tourneur ou Gaël Colin (la duchesse d'Albuquerque, un laquais, le comte de Camporeal, un alguazil) et Aurélie Babled (Casilda, une duègne, un alguazil). Au théâtre Ranelagh
Disgracié et exilé par la reine d’Espagne, Don Salluste de Bazan, marquis de Priego, n’aspire qu’à se venger et fait pour cela appel à son cousin, Don César de Bazan, un comte qui bien que désargenté refuse, par principe, de faire du mal à une femme quelle qu’elle soit et va donc se tourner et utiliser son fidèle valet, Ruy Blas, qu’il sait… amoureux de la reine et va favoriser sa rapide ascension sociale, en le faisant passer pour son cousin Don César, jusqu’au prestigieux poste de premier ministre de Sa Majesté avant de se délecter et de savourer sa vengeance contre la reine… amoureuse d’un laquais, un moins que rien qui lui a promis et juré obéissance par écrit.
Pièce avant-gardiste pour l’époque qui fit scandale lors des premières représentations en 1838, elle reste résolument moderne avec ses faveurs et intrigues au sommet de l’État ou du Royaume qui n’ont pas pris une seule ride d’autant plus qu’une reine amoureuse d’un vulgaire laquais reste, encore de nos jours, si cela devait réellement advenir au palais d’Orient ou de Buckingham, nettement bien plus scandaleux qu’un président de la République en concubinage notoire avec une journaliste ou un prince de sang sur le point de se marier avec une actrice métisse divorcée. Avec Ruy Blas, c’est le peuple qui entre dans les théâtres, jusque là réservés à la seule aristocratie, dira Victor Hugo.
Créé par la compagnie les Nomadesques avec des moyens limités et seulement sept comédiens pour la trentaine de rôles que compte la pièce, ce Ruy Blas ne figurera sans doute pas parmi les plus grandes adaptations que cette pièce du grand maître Hugo a suscité ou inspiré au théâtre, à l’opéra, au cinéma ou à la télévision mais est néanmoins d’assez bonne facture et notamment au niveau du décor où un élément central protéiforme sert, tour à tour, de fenêtre, de trône et de cheminée. Franck Cadoux a souvent des ratés et est parfois inaudible ou incompréhensible. Damien Coden, en revanche, signe une très belle performance d’acteur.