Théâtre : Tu te souviendras de moi

Tu te souviendras de moi, au théâtre de Paris. Photo Philip Ducap.
Tu te souviendras de moi, au théâtre de Paris. Photo Philip Ducap.

« Tu te souviendras de moi » (2018), d'après le texte éponyme (Leméac Éd., Montréal, janv. 2014, 104 p. 13,95 $) du dramaturge québécois François Archambault. Adaptation française de Philippe Caroit. Mise en scène par Daniel Benoin. Avec Patrick Chesnais (Édouard), Emilie Chesnais (Isabelle), Frédéric de Goldfiem (Patrick), Natalie Roussel (Madeleine) et Fanny Valette (Bérénice). Au théâtre de Paris, salle RéjaneThéâtre de Paris, 15 rue Blanche, Paris-9e. M° Trinité, Blanche ou Saint-Lazare. Du mardi au samedi à 21h, le samedi à 17h et le dimanche à 15h. De 38 à 48 €. Rés.: 01 42 80 01 81.. Jusqu'au 6 janvier 2019. 100'.

Un brillant et fort médiatique professeur d’histoire septuagénaire vénéré haut en couleur de l’université de Montréal, Édouard Bouchard, a commencé, depuis quelques temps déjà, à perdre un peu beaucoup la mémoire même s’il parvient encore à faire illusion en relevant de sa présence quelques émissions de télévision et s’il reste tout-à-fait « incollable » sur tout ce qu’il a enseigné des milliers et des milliers de fois à ses étudiants et notamment sur les dates de toutes les guerres et à commencer par la toute première, en Mésopotamie, entre le 26e et le 24e siècle avant Jésus-Christ, marquant la Victoire d'Umma et la fin de la première dynastie de Lagash.

Délaissé par sa femme, Madeleine, qui est sur le point de le quitter pour passer à autre chose et sa fille, Isabelle, n’ayant pas le temps de s’en occuper, c’est Patrick — le nouveau compagnon d’Isabelle — à qui va échoir le rôle de s’en occuper et qui va lui fourguer de temps en temps dans les pattes — lorsqu’il veut un peu respirer avec ses potes —, sa fille, Bérénice, à laquelle l’universitaire va s’attacher jusqu’à la confondre avec son aînée, Nathalie Bérénice, qui s’est… suicidée il y a quinze ans et dont il ne s’est probablement jamais remis.

« Quand je fais le ménage de mon bureau, confesse le dramaturge québécois François Archambault, 50 ans, [il m’arrive de] tombe[r] sur un texte que je ne me souviens pas avoir écrit. Je le relis et je suis troublé : j’ai l’impression que je suis devant les mots d’un étranger » et ce sont ces tout premiers symptômes précoces d’Alzheimer de l’auteur, traités sous l’angle de la comédie et l’affrontement des générations, qui nous valent cette très jolie pièce où excelle Patrick Chesnais en s’appropriant complètement la maladie naissante et les mots du jeune auteur canadien déquébécoiquisés par Philippe Caroit. Un rôle de composition qui lui sied à ravir et, cabot, il en joue et en rejoue.