Théâtre : URSS 1970

« URSS 1970 », de et mise en scène par Macha Orlova. Avec Viviane Jauffret (Lena Papova), Jérôme Rodrigues (Youri), Marie Ceolin (Olga), Didier Forest (Ivan), Victor Bas (le présentateur), Macha Orlova (Katia) et Amélie Chaveau (Anna). Au théâtre Déjazet
L’histoire se passe dans une « kommunalka », un appartement communautaire moscovite des années 70 sous l’ère brejnévienne (1964-1985) où tout « appartient à tout le monde », y compris votre paire de chaussures usagée, mais où vous n’êtes « propriétaire de rien », absolument rien, même pas ce que vous avez sur le dos. Il y a ainsi donc, dans une kommunalka, une promiscuité institutionnalisée avec autant de familles qui cohabitent ensemble qu’il y a de chambres dans le minuscule ou grand appartement et deux lieux de vie communs que sont la cuisine où les uns et les autres se croisent avant, pendant ou après les repas et les toilettes où l’attente peut parfois être longue.
L’une des chambres de notre kommunalka exiguë est occupée par la famille Papova composé d’un jeune couple mixte, elle, Lena, russe et enceinte, et lui, Youri, un intellectuel juif, qui rêve d’un avenir meilleur ailleurs que dans le bloc soviétique dictatorial, par exemple, chez l’oncle Sam, et mettra pour cela tout en œuvre pour parvenir à ses fins d’autant que depuis quelques mois, Tel Aviv et Washington mettent la pression à fond sur Moscou pour que les juifs et leurs familles puissent quitter le pays et aller vivre en Israël. Olga, une belle-mère déchirée entre le désir de suivre sa fille et la peur de l’inconnu et, Anna, une tante attachée à sa ville natale comme une moule à son rocher ne veut pas renoncer à ses souvenirs et traditions. Dans la chambre contiguë, Ivan Ivanovitch, un camarade et espion du KGB, scrute et épie leurs moindres faits et gestes.
Seuls les juifs qui recevaient une invitation de la part d’un proche vivant en Israël pouvaient faire une demande de visa, rappelle l’auteure et metteure en scène Macha Orlova, alors que « des milliers de juifs et de non juifs voulaient partir en masse, fuir l’URSS et beaucoup se sont arrangés comme ils le pouvaient », précisant que URSS 1970, qui raconte les derniers jours avant l’exil d’une famille mixte vers l’Occident, est en fait inspirée de l’histoire de sa propre famille.
Les rires succèdent aux larmes et le tragique à l’humour mais que Macha Orlova a su savamment doser ceci et cela pour restituer une vérité, sa vérité, leur vérité, pour sans doute mieux s’en délivrer.