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Secret professionnel : L’avocat de Jonathann Daval a-t-il disjoncté ou est-ce la bonne stratégie de défense ?

Par Nicolas de Will | LEXTIMES.FR |
Randall Schwerdorffer, 30 janv. 2018. Capture d'écran. Randall Schwerdorffer, 30 janv. 2018. Capture d'écran.

Le 30 octobre 2017, Alexia Daval, 29 ans, disparue deux jours plus tôt, a été retrouvée morte dans un bois, près de son domicile, à Gray-la-Ville, en Haute-Saône, après avoir été « étranglée » voire « asphyxiée » selon la procureure Edwige Roux-Morizot, ceinte d’un drap, transportée et brûlée morte ou à moitié vive.

Trois mois plus tard exactement, hier, 30 janvier 2018, après 36 heures de garde à vue, son mari, Jonathann Daval, 34 ans, aurait avoué l’avoir tuée « par accident » et a été mis en examen sous l’inculpation de « meurtre » avec la circonstance aggravante qu’il a été commis sur « conjoint », fait puni et réprimé par l’article 221-4 4° ter du code pénal de la réclusion criminelle à perpétuité, et placé en détention provisoire.

Entre ces deux dates, trois mois pendant lesquels les enquêteurs ont interrogé plus de 200 personnes et minutieusement exploré et « fermé toutes les portes », excluant notamment l’hypothèse d’un crime par un délinquant sexuel et celle d’un amant et trois mois pendant lesquels le mari, veuf « épleuré, effondré et inconsolable », porté « à bout de bras par toute sa famille » et notamment ses beaux-parents, a fait montre — sous réserve que ses aveux du 30 janvier 2018 soient confirmés et n’aient pas été extorqués par la force ou la menace — de toutes les qualités d’un comédien hors pair et qui lui seront bien sûr nécessaires pour une éventuelle reconversion, dans dix ou quinze ans, au théâtre ou au cinéma.

Mais au-delà de la peine et de la tristesse autant que la trahison qui accablent à n’en pas douter les parents, les beaux-parents et toute la famille de cette monstrueuse tragédie et de la sanction que réservera in fine à Jonatann Daval la justice, c’est le cas de son avocat, Randall Schwerdorffer, qui est extrêmement préoccupant et interpelle.

« Nous pensons que l'absence d'autre suspect implique cette garde à vue », a-t-il commenté dès lundi matin bien que son client niait en bloc et maintenait sa version selon laquelle ils étaient « rentrés chez eux après une "soirée raclette" chez les parents d'Alexia et le lendemain matin, la jeune femme est partie vers 9h30 faire son jogging, comme à son habitude ». « Son audition a été difficile », dira-t-il à la presse, après s'être entretenu avec son client, ajoutant que le couple connaissait « des disputes ordinaires, qu'on trouve dans n'importe quel couple ».

« Il maintient qu'il a passé la nuit chez lui. A-t-il réellement, ou pas, passé la nuit chez lui ? En l'état, je suis incapable de vous infirmer ou de vous confirmer la version de Jonathann, les enquêteurs ayant des éléments sérieux pour établir le fait que le véhicule professionnel de Jonathann a bougé pendant la nuit », déclarera le lendemain Me Schwerdorffer à la presse, précisant que son client « n'a pas de réponse sur les déplacements du véhicule, ce qui reste une inconnue majeure ».

Les enquêteurs ayant trouvé un morceau de tissu sur le corps d'Alexia, à peine dissimulé sous des branchages, l’avocat confiera au Point que « les enquêteurs auraient établi que ces morceaux de tissu proviendraient de draps appartenant au couple Daval » et, devant les caméras, Me Schwerdorffer livre que, selon lui, les enquêteurs sont sur le point d’aborder cette question avec Jonathann Daval et « ce n’est pas anodin si c'est le dernier élément abordé lors de cette garde à vue », dit-il, estimant que « les enquêteurs se focalisent ».

« On nous a apporté des éléments qui […] effectivement, posent de véritables questions et Jonathann n’est pas soupçonné par hasard, c’est une réalité », ira jusqu’à dire l’avocat qui provoque une stupéfaction générale d’autant qu’il ajoute que « l’étau se resserre violemment », ce qui fait réagir non seulement ses confrères sur les réseaux sociaux mais, également, plus surprenant, la secrétaire d’état chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes Marlène Schiappa.

« L’avocat ne peut jamais faire de déclarations qui ne soient pas en accord avec la ligne et la défense de son client », explique à LexTimes un avocat parisien. Selon l’article 63-4-4 du code de procédure pénale, « sans préjudice de l'exercice des droits de la défense, l'avocat ne peut, en effet, faire état auprès de quiconque pendant la durée de la garde à vue ni des entretiens avec la personne qu'il assiste, ni des informations qu'il a recueillies en consultant les procès-verbaux et en assistant aux auditions et aux confrontations ». Me Schwerdorffer fait-il donc tout cela dans l’intérêt des « droits de la défense » ou a-t-il disjoncté, c’est la question que l’on se pose et qui reste ouverte avec ces multiples et indécentes interventions au cours des dernières 48 heures sur toutes les chaînes d’information.

La procureure Edwige Roux-Morizot ne cache pas, non plus, son agacement à l'égard de ces interventions répétées des avocats de Jonathann Daval dans les médias tout au long de la garde à vue de leur client mais elle, à l'instar du bâtonnier, dispose de la possibilité de déclencher une procédure disciplinaire.

 

Commentaires

Un avocat qui défend les droits de son client mais pas sa délinquance, est-ce si choquant ? Le contraire exact (je commente l'image médiatique pas la moralité et la pensée d'un homme auquel je n'ai jamais parlé) de ces ténors du barreau français fiers de l'impunité de leurs mensonges, de leurs intimidations de témoins aux procès et de leurs multiples escroqueries au jugement. Comment ignorer que cette manière de se montrer aux caméras en recherche de vérité- pour défendre les droits de son client mais pas sa délinquance- aura bien mieux protégé le client du mouvement naturel de haine et de détestation du public-comprenant possiblement quelques futurs jurés-vexé d'avoir été compatissant avec un coupable déguisé en victime que le ténor du barreau défendant" la mère de Fiona" ? Il suffit d'être un citoyen de république corrompue d'Europe du Sud méprisant la magistrature et approuvant les avocats qui la maltraitent par égo et pour les bénéfices financiers.

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