Présidentielle US : Un milliardaire élu à la tête de la première puissance mondiale
Entre la peste et le choléra, l’Amérique a choisi la peste pour « rendre à l’Amérique sa grandeur » (Make America Great Again) sans une bonne partie des noirs, des musulmans, des latinos, des gays, des droits des femmes,… qui constituent autant de « boulets » pour le vainqueur de cette élection présidentielle exceptionnelle qui aura pris de court instituts de sondages, médias et tous les politologues faiseurs de rois mais, n’en doutons pas, ils seront nettement meilleurs pour des analyses ultrafines a posteriori que pour les prédictions de résultats qui ont, toutes, fait l’impasse sur l’impressionnant ras-le-bol généralisé et le ressenti de tout l’électorat américain confondu.
Aux grands maux, les grands remèdes, pour sortir la tête de sa petitesse qui pointe à l’horizon, l’Amérique a préféré un homme d’affaires novice en politique qui a « brillamment réussi » à une femme politique expérimentée détestée pour ses « multiples mensonges » et c’est donc le milliardaire républicain populiste Donald Trump, 70 ans, qui décroche la timbale, en devant le 45e président des États-Unis, au détriment de sa rivale démocrate, l’ancienne First Lady et ancienne secrétaire d’État Hillary Clinton, 69 ans, qui échoue, à l’issue d’une campagne particulièrement agressive et ordurière, par 58 grands électeurs et 100 000 voix selon les résultats partiels disponibles à 12:08, ce qui remet en perspective le pouvoir réel des médias qui serait en réalité proche de zéro.
On a coutume de dire que les promesses de campagne n’engagent que ceux qui les écoutent et, au cas particulier, on aimerait bien que ce soit le cas et que ce ne soient que des promesses qui ne seront pas tenues car on frémit de voir Donald Trump mettre certaines de ses promesses à exécution : faire taire ses opposants, censure des médias, érection d’un mur à la frontière mexicaine, guerre commerciale par la mise en place de droits de douane avec la Chine (45 %), le Mexique (35 %) et le reste du monde (10 %),…
Mais il faut bien admettre que certaines des propositions de Donald Trump ont incontestablement fait mouche et séduit la majorité des américains (diminution de l’impôt sur le revenu dont la dernière tranche baisserait de 39,5 à 33 % et de l’impôt sur les sociétés qui baisserait de 35 à 15 %, suppression de la protection sociale universelle dite « Obamacare », revalorisation du salaire minimum à 10 dollars l’heure,…) et que l’establishment — là-bas comme ici d’ailleurs — n’a pas l’oreille assez fine pour entendre ce que hurle la classe moyenne, quelle que soit sa couleur, son sexe voire sa préférence sexuelle.
On prédisait un désastre financier et une chute vertigineuse des marchés financiers en cas de victoire du candidat populiste et l’indice phare tokyote, le Nikkei 225, a effectivement cédé 919,84 points pour clôturer à 16 251,54 points (-5,36 %). En pré-ouverture, les indices européens prenaient le même chemin et oscillaient autour de -4 %, dans le sillage des futures US et des transactions après clôture d'hier soir, mais moins de quinze minutes après l’ouverture, la moitié ou les trois-quarts de la baisse était presque effacée sur toutes les places financières européennes et sur les futures US.
Donald ne fait apparemment pas peur et il va sans doute essayer de ne pas moins mal géré l’Amérique que ses entreprises et maintenant qu’il y est assis dans le bureau ovale, il va peut-être moins parler pour dire n’importe quoi et davantage s’entourer de conseils et d’experts pour « rendre à l’Amérique sa grandeur ». C’est tout le malheur qu’on lui souhaite pour notre bonheur à tous.