Cinéma : L'Antichrist de Lars von Trier reste interdit aux mineurs de 18 ans

Antichrist (2009), film d'horreur de Lars von Trier.
Antichrist (2009), film d'horreur de Lars von Trier.

Le Conseil d'État a confirmé, pour la troisième fois, l'annulation du visa d'exploitation du film Antichrist de Lars von Trier prononcée par la cour administrative d'appel de Paris en février dernier du fait de la « très grande violence caractérisant plusieurs scènes du film », ce qui en justifie son interdiction aux mineurs de dix-huit ans.

À la demande de l'association catholique Promouvoir, le Conseil d'État avait fait droit à une première demande d'annulation de visa par un arrêt rendu le 25 novembre 2009 et dès le lendemain, le ministre de la culture de l'époque, Frédéric Mitterrand, avait accordé un nouveau visa qui, à l'instar du précédent, avait été annulé pour « défaut de motivation du visa » par un arrêt rendu le 29 juin 2012.

Cette procédure concerne donc le troisième visa accordé le 3 août 2012 par la ministre de la culture Aurélie Filippetti après saisine et avis de la commission de classification du CNC (Centre national de cinématographie) et comportant une restriction interdisant la représentation publique du film aux mineurs de seize ans. L'association Promouvoir a continué son combat contre le film et en a demandé l'annulation qu'elle n'a pas obtenue devant le tribunal administratifTA Paris, 16 juill. 2014, n° 1217847/5, association Promouvoir. mais sur appelCA Paris, 2 févr. 2016, n° 14PA03804, association Promouvoir c/ ministère de la culture., le visa est annulé et la haute juridiction administrative était donc saisie du pourvoi formé par la ministre de la culture.

Le Conseili d'ÉtatCE, 10e et 9e ch., 13 janv. 2017, n° 397819, ministère de la culture c/ association Promouvoir. relève que le film Antichrist comporte plusieurs scènes de très grande violence, filmées de manière réaliste, à l'occasion de pratiques sexuelles filmées sans aucune dissimulation dont, notamment une scène d'automutilation sexuelle féminine filmée en gros plan. Ces scènes, poursuit le juge suprême administratif, qui revêtent un caractère cru et explicite et présentent une image dégradante de la sexualité, sont d'une très grande violence physique et psychologique, pour approuver l'annulation du visa prononcée par la cour administrative d'appel de Paris, qui avait estimé que si les nécessités de la protection de la jeunesse et le respect de la dignité humaine n'impliquaient pas, compte tenu de l'esthétique du film et de son thème, de retenir un classement X, ces scènes justifiaient néanmoins l'interdiction de représentation du film aux mineurs de 18 ans.

Lors de sa sortie en 2009, le film avait été froidement accueilli par la critique mais Charlotte Gainsbourg avait décroché le prix d'interprétation féminie au festival de Cannes en 2009 et, à l'étranger, le film a obtenu plusieurs récompenses et notamment le Nordic Council Film Prize (2009), le Grand Prix de l'Union de la critique de cinéma (2010) et le Robert du meilleur film danois (2010).