Détenus : Les cours de promenade de Fresnes doivent être rénovées

Le tribunal administratif de Melun a ordonné à la ministre de la justice Nicole Belloubet, dans un délai de six mois à compter de la notification de la décision rendue le 20 juillet 2018 qui n’est toutefois assortie d’aucune astreinte, une « mise aux normes » des cours de promenade au sein du quartier des hommes de la maison d’arrêt de Fresnes.
C’est un détenu, soutenu par la section française de l’Observatoire international des prisons (OIP), qui avait vainement demandé, le 25 février 2015, au ministre de la ministre cette « mise aux normes » des cours des promenade du quartier des hommes de Fresnes au motif que les conditions dans lesquelles se déroulaient les promenades des détenus du centre pénitentiaire de Fresnes « excédaient le niveau inévitable de souffrance inhérent à la détention » et étaient « attentatoires à la dignité des [détenus] ».
Dans un premier jugement avant-dire droit rendue le 6 avril dernier, le tribunal avait annulé la décision ministérielle de rejet et ordonné, en application de l’article R. 622-1 du code de justice administrative, une visite des lieux qui s’est tenue le 28 mai 2018.
À la suite de ce transport sur place, le tribunal
Le tribunal ordonne par ailleurs à la ministre de faire en sorte que les sols des cours de promenade soient « rénovés » et fassent l’objet d’un « ragréage général en vue de faciliter leur entretien », les évacuations d’eau des cours devant toutes être « équipées d’un grillage empêchant à la fois l’accumulation des détritus et la circulation des rongeurs ». Pour le confort des détenus, il convient également de faire procéder à l’installation « en nombre suffisant » de « bancs, abris [utilisables] en cas de fortes chaleurs ou intempéries, urinoirs, poubelles, points d’eau et barres de traction ».
L’ « effort », récemment mis en place pour assurer un entretien et un « nettoyage plus effectif » de ces cours promenade (caillebottis aux fenêtres des cellules et bétonnage des pieds de façade réduisant la projection de déchets qui attirent les nuisibles), doit être, souligne le tribunal, « poursuivi et intensifié ».
Il est également enjoint à la ministre de « rendre effective » la surveillance des cours de promenade par la mise en place d’un système de vidéosurveillance couvrant « l’intégralité de la surface des cours » en affectant des agents à temps plein au visionnage des écrans et en affectant un nombre suffisant d’agents à la surveillance directe des détenus afin que tout incident puisse être « détecté et traité en temps réel ».
Appel de ce jugement a été interjeté par la ministre de la justice aux motifs de l’ « absence de pertinence et [de] faisabilité des travaux ordonnés » et de « l’engagement prochain d’une opération de rénovation globale de l’établissement » sans toutefois qu’un quelconque calendrier ne soit fixé et l’OIP juge cette saisine de la cour administrative d’appel « tout à la fois scandaleuse et inquiétante » et rappelle qu’en février 2000 déjà, la garde des Sceaux de l’époque, Élisabeth Guigou, avait identifié la prison de Fresnes parmi celles qui devaient être « rénovées de manière prioritaire » et annonçait avoir « d’ores et déjà décidé [et obtenu les crédits correspondants] pour une réhabilitation complète » de l’établissement qui n’a jamais eu lieu.