Discothèques : La protection de l'ordre public prévaut sur la liberté d'entreprendre

La fermeture d'une discothèque, suite à des accidents et des infractions à la sécurité routière se déroulant aux alentours, ne constitue pas une atteinte illégale à la liberté d'entreprendre. C'est ce qu'a affirmé le Conseil d'État la semaine dernière, après que le gérant d'un établissement de nuit ait contesté un arrêté préfectoral en prononçant la fermeture.
Les gérants de discothèques devraient désormais être plus attentifs à la sécurité de leurs clients au risque le cas échéant de voir leur établissement fermé. C'est à la suite d'un accident de la circulation ayant entraîné, le 25 septembre 2011, la mort de deux personnes près d'une discothèque (Le Margouillat), que le préfet du Calvados a demandé un rapport des accidents et infractions à la sécurité routière constatés près de l'établissement. Résultat : six décès et cinq blessés depuis le mois de mai 2008 et, plus récemment, quarante-cinq procédures pour conduite sous l'emprise d'un état alcoolique depuis le début de l'année 2011. Des chiffres qui n'ont pas plu au préfet.
Il a donc pris un arrêté prononçant la fermeture administrative de la discothèque pour un mois. Mais le gérant de la discothèque a saisi le juge des référés du tribunal administratif de Caen, invoquant une situation d'urgence vu le préjudice économique qu'entraînait cet acte, afin que soit suspendue l'exécution de l'arrêté. Sa demande fut rejetée par ordonnance du 10 octobre 2011, au motif que les conséquences économiques et financières ne caractérisaient pas une situation d'urgence, au sens de l'article L.521-2 du code de justice administrative (CJA).
Cet article dispose en effet que "Saisi d'une demande en ce sens justifiée par l'urgence, le juge des référés peut ordonner toutes mesures nécessaires à la sauvegarde d'une liberté fondamentale à laquelle une personne morale de droit public ou un organisme de droit privé chargé de la gestion d'un service public aurait porté, dans l'exercice d'un de ses pouvoirs, une atteinte grave et manifestement illégale". Afin que soit reconnue une atteinte à sa liberté d'entreprendre - puisque subissant une contrainte dans son activité économique — et obtenir ainsi la suspension de l'arrêté, le gérant s'est donc tourné vers le Conseil d'État.
Une atteinte à la liberté d'entreprendre justifiée par la protection de l'ordre public
Dans sa requête devant la haute juridiction administrative, le responsable de la discothèque soutenait notamment que "l'exploitation de son établissement n'engendre pas davantage de risques pour la sécurité routière que celle de tout autre débit de boisson [...] qu'elle a, au contraire, mis en œuvre un certain nombre de mesures pour réduire les risques d'accidents liés à l'alcool [...]".
Mais le gérant alléguait surtout une atteinte illégale à sa liberté d'entreprendre, puisque la fermeture de son établissement qui emploie quatorze personnes et qui n'ouvre que les soirées de week-end et veilles de jours fériés, le privait ainsi du chiffre d'affaire qu'il peut normalement réaliser pendant cinq week-ends consécutifs, le mois de novembre étant particulièrement lucratif.
Le Conseil d'État