Liberté d'association : La dissolution du collectif Les Soulèvements de la Terre suspendue

Saisi par quatre requêtes distinctes à la demande des personnes visées directement ainsi que par plusieurs associations diverses et variées, des partis politiques et des particuliers, le juge des référés du Conseil d’État a suspendu vendredi la dissolution du collectif Les Soulèvements de la Terre qui avait été prononcée le 21 juin dernier par un décret en conseil des ministres au motif qu’il existe « un doute sérieux quant à la qualification de provocation à des agissements violents à l’encontre des personnes et des biens retenue par le décret de dissolution ».
Constitué fin janvier 2021, le collectif Les Soulèvement de la Terre s’est donné pour objectif de « lutter contre la bétonisation, l’artificialisation et l’accaparement des sols, en vue de la protection des terres nourricières, de l’eau et des autres ressources naturelles » et conteste les faits de « provocation à la violence » qui lui sont reprochés.
Pour que la demande de suspension en référé puisse prospérer, deux conditions devaient, selon l’article L. 521-1 du code de justice administratif, être remplies. D’une part, la caractérisation d’une situation d’urgence et, d’autre part, un doute sérieux sur la légalité de la décision attaquée. Ces deux conditions ont été considérées comme remplies par le juge d’urgence.
La Haute juridiction administrative
« sont dissous, par décret en conseil des ministres, toutes les associations ou groupements de fait : 1° Qui provoquent à des manifestations armées ou à des agissements violents à l’encontre des personnes ou des biens ; […] ».
« Ni les pièces versées au dossier, ni les échanges lors de l’audience, ne permettent de considérer que le collectif cautionne d’une quelconque façon des agissements violents envers des personnes », selon la juridiction de l’urgence qui constate également que « les actions promues par les Soulèvements de la Terre ayant conduit à des atteintes à des biens, qui se sont inscrites dans les prises de position de ce collectif en faveur d’initiatives de désobéissance civile, dont il revendique le caractère symbolique, ont été en nombre limité » et compte tenu « du caractère circonscrit, à la nature et à l’importance des dommages résultant de ces atteintes », la qualification de ces actions comme des agissements troublant gravement l’ordre public au sens du 1° de l’article L. 212-1 du code de la sécurité intérieure soulève « un doute sérieux » de nature à permettre la suspension de la dissolution des Soulèvements de la Terre.
Il s’agit toutefois d’une simple suspension provisoire et le Conseil d’État rendra ultérieurement une décision définitive sur le fond dont l’ordonnance rendue laisse penser qu’elle pourrait intervenir rapidement, vraisemblablement à l’automne.