Manifestations : Rejet des demandes sollicitant l’interdiction des LBD

Lanceur de balles de défense (LBD)
Lanceur de balles de défense (LBD).

Saisi de plusieurs demandes tendant à ce qu’il ne soit plus fait usage du lanceur de balles de défense (LBD) lors de manifestations des gilets jaunes, le juge des référés du Conseil d’État, statuant en formation collégiale de trois juges, a estimé que l’usage du LBD de 40 mm ne peut être regardé comme « de nature à caractériser une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté de manifester et au droit de ne pas être soumis à des traitements inhumains ou dégradants ».

Des organisations syndicales ainsi que des personnes ayant participé à des manifestations de gilets jaunes, soutenues notamment par le Défenseur des droits Jacques Toulon, demandaient au Conseil d’État, par la voie d’un référé-liberté, d’ordonner aux autorités compétentes d’interdire ou de suspendre l’utilisation des LBD lors de ces manifestations.

Le juge des référés du Conseil d’ÉtatCE, 1er févr. 2019, n° 427386, Union départementale de Paris du syndicat de la Confédération générale du travail ; n° 427390, Confédération générale du travail, Syndicat de la magistrature, Syndicat des avocats de France ; n° 427418, A et a. a liminairement rappelé que les conditions d’utilisation de ces armes sont « strictement encadrées » par le code de la sécurité intérieure afin de garantir que leur emploi est, d’une part, « nécessaire au maintien de l’ordre public » compte tenu des circonstances et, d’autre part, « proportionné au trouble à faire cesser », conditions réitérées à l’occasion de chaque manifestation et s’accompagnant de l’obligation pour les forces de l’ordre de « filmer, dans la mesure du possible, l’usage fait du LBD ».

Le juge de l’urgence a certes constaté que l’usage du LBD avait dans la période récente provoqué « des blessures, parfois très graves, sans qu’il soit possible d’affirmer que toutes les victimes se trouvaient dans les situations visées par le code de la sécurité intérieure, seules à mêmes de justifier une telle utilisation » mais malgré cela, et contrairement à ce qu’il était soutenu par les demandeurs, l’organisation des opérations de maintien de l’ordre mises en place lors des récentes manifestations ne révélait pas « une intention des autorités de ne pas respecter les conditions d’usage, strictes, mises à l’utilisation de ces armes ».

Il a également été relevé que les très nombreuses manifestations qui se sont répétées semaine après semaine depuis le 17 novembre dernier sur « l’ensemble du territoire national, sans que leurs parcours soient toujours clairement déclarés ou respectés » ont été « très fréquemment l’occasion d’actes de violence et de destruction ». L’impossibilité d’exclure la reproduction de tels incidents au cours des prochaines manifestations rend nécessaire, selon le Conseil d’État, de « permettre aux forces de l’ordre de recourir à ces armes, qui demeurent particulièrement appropriées pour faire face à ce type de situations, sous réserve du strict respect des conditions d’usage s’imposant à leur utilisation », qu'il appartient « tant aux autorités nationales qu'aux responsables d'unités de rappeler ».

Le juge des référés du Conseil d’État a donc estimé que l’usage du LBD de 40 mm ne peut être « regardé, en l’état, comme de nature à caractériser une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté de manifester et au droit de ne pas être soumis à des traitements inhumains ou dégradants ». Une manière de dire que cela a suffisamment duré et que les manifestants — gilets jaunes, brutes ou casseurs —, s’ils poursuivent leur mouvement, dans la rue, chaque samedi, le font, à leurs risques et périls.