Astreinte : DemanderJustice réclame vainement justice

La cour d’appel de Paris a confirmé une décision du juge de l’exécution qui avait condamné la mal nommée DemanderJustice (DJ) à payer au Conseil national des barreaux (CNB) la somme de 500 000 euros au titre de la liquidation d’une astreinte prononcée par un précédent arrêt qui lui avait enjoint de « faire disparaître de son site […] les mentions relatives au taux de réussite, sauf à en mentionner précisément les modalités de calcul » et lui avait interdit « d’utiliser ensemble les trois couleurs du drapeau français ».
Créée en 2012, la société DJ exploite des sites internet mettant à disposition des formulaires-type de mise en demeure et permettant de saisir, pour quelques dizaines d’euros, certaines juridictions devant lesquelles le ministère d’avocat n’est pas obligatoire et elle s’est très vite trouvée dans le collimateur de l’Ordre des avocats de Paris et du CNB qui lui reprochent une activité illégale d’assistance et de représentation en justice, de consultation juridique et de rédaction d’actes sous seing privé, outre des actes de démarchage et de publicité illicite.
Déboutés en première instance
Insatisfait d’avoir perdu sur l’essentiel, le CNB a formé un pourvoi contre cet arrêt et a saisi le juge de l’exécution pour que soit liquidée l’astreinte qui a toutefois été ramenée, en tenant compte des « circonstances et des tentatives d’exécution », de 1,38 million d’euros à 500 000 euros pour la période comprise entre le 14 mars 2019 et le 6 novembre 2019. C’est la liquidation de cette astreinte à concurrence de 500 000 euros que la société DJ contestait et que vient de confirmer la cour de Paris
La juridiction d’appel n’est pas dupe et approuve le juge de l’exécution qui avait retenu que l’examen des différentes photographies communiquées ne permet pas de « distinguer […] le gris très clair de la couleur blanche » et « le risque de confusion, à l’œil nu, avec les couleurs du drapeau français » a persisté. Quant au taux de réussite, il avait été fait constaté par huissier, le 5 août 2019, qu’en cliquant sur la mention « 82 % des plaignants ont obtenu gain de cause cause depuis 2012 », l’accès à la prétendue information explicative était « particulièrement aléatoire » et que cela nécessitait une « succession de plusieurs manipulations ».