Gestation pour autrui : Des enfants sans existence légale malgré une paternité établie

Par deux arrêts rendus vendredi, la formation plénière de la première chambre civile de la cour de cassation a eu à statuer sur deux pourvois concernant la validité en droit français d'une convention de gestation pour autrui (GPA) conclue à l'étranger par un ressortissant Français.
Dans la première espèce
Dans la seconde espèce
Pourvoi du parquet dans le premier cas et du père dans le second. Dans les deux cas, la réponse est identique au visa des articles 16-7 et 16-19 du code civil selon lesquels « toute convention portant sur la procréation ou la gestation pour le compte d'autrui est nulle » et ces dispositions sont « d'ordre public ».
Dans sa formation plénière, la première chambre civile de la juridiction suprême estime qu'en l'état du droit positif, la convention de gestation pour autrui (GPA), bien que licite à l'étranger, est « nulle [et] d'une nullité d'ordre public » et que cette « fraude » ne peut être couverte ni par l'intérêt supérieur de l'enfant garanti par l'article 9 §1 de la Convention internationale des droits de l'enfant ni par l'article 8 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales relatif au respect de la vie privée et familiale.
Position extrêmement sévère puisqu'elle s'accompagne, dans les deux cas, d'une contestation de paternité sur le fondement de l'article 336 du code civil qui permet au ministère public de l'invoquer « en cas de fraude à la loi ». Le salut ne pourra donc venir que de la Cour de Strasbourg si elle devait être saisie de l'un ou l'autre de ces dossiers, ou du législateur mais le ciel est également fort sombre de côté-là.
Une circulaire
Mme Taubira insistait aussi sur le fait que le seul soupçon du recours à une convention de procréation ou de gestation pour autrui conclue à l'étranger ne pouvait suffire « à opposer un refus aux demandes de [certificats de nationalité française] dès lors que les actes de l'état civil local attest[e]nt du lien de filiation avec un Français ». La cour de cassation n'est pas de cet avis. Seul l'intervention du législateur, ou de la Cour européenne des droits de l'homme, pourra remettre en cause cette jurisprudence qui va sans doute mobiliser dans les prochaines semaines tous les déçus par les juges du quai de l'Horloge.