GPA : La mère d’intention n’est pas la mère mais l’enfant peut être adopté par le conjoint

Gestation pour autrui (GPA)

En cas de gestation pour autrui (GPA) réalisée à étranger, l’acte de naissance peut être transcrit sur les registres de l’état civil français uniquement en ce qu’il désigne le père mais cela ne fait pas obstacle à d’adoption de l’enfant par l’époux ou épouse du père, a jugé la Cour de cassation dans quatre arrêts distincts.

Dans les deux premières espècesCiv. 1re, 5 juill. 2017, n° 15-28597, Jean-François X c/ parquet général de Rennes ; n° 16-16901 et 16-50025, Patrice X c/ parquet général de Rennes., il s’agissait de jumeaux nés dans l’État de Californie, aux États-Unis, dans un cas et à Kiev, en Ukraine, dans l’autre, dont le père biologique et la mère d’intention demandaient la transcription des actes de naissance américains sur les registres de l’état civil consulaire français. Dans la troisième espèceCiv. 1re, 5 juill. 2017, n° 16-16455, Rémy X c/ parquet général de Dijon., il s’agissait d’un enfant né dans l’État de Californie à la suite d’une convention de GPA conclue entre une dame de nationalité américaine et le père biologique de nationalité française qui, le 1er novembre 2013, a épousé l’homme avec lequel il était lié par un pacte civil de solidarité (PACS) depuis 2004 et ce dernier souhaitait adopter l’enfant. Dans la quatrième espèceCiv. 1re, 5 juill. 2017, n° 16-16495, Pierre-Jean X c/ parquet général de Rennes., il s’agissait d’un recours en annulation du parquet de Nantes à l’encontre d’un acte de naissance d’une enfant née à Bombay, en Inde, sur lequel l’officier de l’état civil du consulat de France à Bombay y avait indiqué comme géniteurs le père biologique et la mère d’intention.

En France, toute convention de GPA est, selon les articles 16-7 et 16-9 du code civil, nulle d’une nullité d’ordre public mais il n’empêche que des Français y ont recours en se rendant à l’étranger et demandent ensuite la transcription de l’acte de naissance de l’enfant né à l’étranger sur les registres français pour obtenir des actes d’état civil français qui facilitent les démarches administratives quotidiennes.

Des quatre affaires qu’avait à juger la Cour de cassation, deux questions se dégageaient : un couple peut-il obtenir la transcription à l’état civil français de l’acte de naissance établi à l’étranger alors que la femme qui s’y trouve désignée comme mère n’a pas accouché de l’enfant ? et le recours à la GPA fait-il obstacle à ce que l’époux du père obtienne l’adoption simple de l’enfant ?

À la première question qui concernait trois des quatre dossiers, la première chambre civile de la Cour de cassation rappelle que l’article 47 du code civil ne permet de transcrire à l’état civil français que ceux des actes étrangers dont les énonciations sont conformes à la réalité, ce qui n’est pas le cas de la mère d’intention qui y figure en tant que génitrice mais faisant application de sa jurisprudenceAss. pl., 3 juill. 2015, n° 14-21323, Dominique X c/ parquet général de Rennes et a. ; n° 15-50002, parquet général de Rennes c/ Patrice X. à la suite des arrêts Mennesson et LabasséeCEDH, 26 juin 2014, n° 65192/11, Mennesson c/ France ; n° 65941/11, Labassée c/ France., il est dit pour droit que la désignation du père doit être transcrite si l’acte étranger n’est pas falsifié et la réalité biologique de la paternité n’est pas contestée.

Quant à la seconde question, la juridiction suprême tire bien évidemment les conséquences de la loi n° 2013-404 du 17 mai 2003 ouvrant le mariage aux couples de même sexe pour juger qu’une GPA réalisée à l’étranger ne fait pas obstacle, à elle seule, à l’adoption de l’enfant par l’époux du père mais qu’il appartient toutefois au juge de vérifier que les conditions légales de l’adoption sont réunies et qu’elle est conforme à l’intérêt de l’enfant.