Procès de presse : Poursuite de l'uniformisation du régime devant les juridictions pénale et civile

« Est nulle une assignation retenant pour le même fait la double qualification d'injure et de diffamation », l'article 53 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse doit recevoir application devant la juridiction civile, a affirmé l'assemblée plénière de la cour de cassation dans un arrêt rendu vendredi qui entend ainsi reprendre la voie de l'uniformisation devant les juridictions pénale et civile.
Ayant eu recours au docteur Dominique Debray et à la Selàrl éponyme créée aux fins d'exercer au sein d'un centre d'épilation définitive au laser dénommé « Laser Étoile », une dame mécontente, Sylvie Pruzniak, avait estimé que les pratiques de ce professionnel de la médecine et de ce centre étaient peu compatibles avec la déontologie des médecins et avait saisi l'ordre des médecins d'une plainte décrivant ce qu'elle estimait être des comportements critiquables. Dans le même temps, Mme Pruzniak a diffusé cette plainte et des commentaires sur son expérience via le site Aufeminin.com.
Le docteur et la Selàrl ont alors fait assigner, le 14 juin 2007, Mme Pruzniak et la société Aufeminin.com des chefs de diffamation et d'injures à raison de certains passages des messages postés sur le site mais l'assignation fut annulée dans son ensemble le 19 décembre 2007 par le juge de la mise en état
Les propos « je dénonce des pratiques commerciales malhonnêtes... » et « il faut mettre fin à ces abus commerciaux qui ne sont pas dignes d'un médecin qui n'est autre qu'un BUSINESS MAN » étaient en effet poursuivis comme diffamation page 7 et 8 de l'assignation délivrée le 14 juin 2007 et comme injure page 9, de même l'expression « 55 av. Marceau : à fuir !!!!!! » était poursuivie comme diffamation page 8 alors que celle « 55 av. Marceau : des voleurs à fuir !!!... » l'était comme injure page 9 et qu'il en était de même du propos « rentabilisation business maximum » qualifié de diffamation page 8 et « USINE à FRIC et RENTABILITE BUSINESS MAXIMUM » qualifié d'injure dans la même page.
L'ordonnance fut confirmée le 19 mars 2009 par la cour d'appel de Paris
Mais entrant en rébellion, la cour d'appel de Paris
Sur avis conforme du procureur général Jean-Claude Marin, l'assemblée plénière de la Haute juridiction judiciaire a rejeté le pourvoi et dit pour droit dans cet arrêt, au visa de l'article 53, qu'est « nulle une assignation retenant pour le même fait la double qualification d'injure et de diffamation », rétablissant ainsi, selon le parquet général, « la prééminence de la loi protectrice du 29 juillet 1881 sur une de ses dispositions essentielles relative à l'acte introductif d'instance et à la prohibition pour des expressions uniques, même séparées dans le temps, de qualifications cumulatives ou alternatives ».
L'évolution jurisprudentielle initiée par la deuxième chambre civile en 1992
Position qui avait été assouplie par la première chambre civile
Créée en octobre 2004, la Selàrl docteur Dominique Debray a réalisé, selon les chiffres publiés, avec un effectif de 16 personnes, un chiffre d'affaires de 3,14 millions d'euros en 2008, 2,57 millions d'euros en 2009, 2,46 millions d'euros en 2010 et 2,54 millions d'euros en 2011. Le résultat net est, quant à lui, plus irrégulier avec 622 455 euros, -6 891 euros, 23 559 euros et 135 306 euros respectivement pour ces mêmes années.