Site Internet Avocats : L'utilisation de noms de domaine génériques constitue une infraction déontologique

Le nom de domaine avocat-divorce.com entretient « la confusion dans l'esprit du public » et la cour de cassation approuve la cour d'appel qui en avait déduit que cela constitue « une infraction aux règles sur la publicité individuelle, ainsi qu'un acte de concurrence déloyale et, partant, un manquement aux principes essentiels de loyauté, de modération et de discrétion auxquels sont tenus les avocats ».
Le sujet des noms de domaine génériques avait fait débat et l'objet, il y a trois ans déjà, d'un rapport de Me Vincent Canu présenté au conseil de l'ordre du barreau de Paris
Au cas particulier, il était reproché à maître Yasmina Goudjil — une jeune avocate ayant prêté serment à Paris en 2003 où elle avait exercé à titre individuel avant d'être admise au barreau de Nanterre (Haut-de-Seine) en septembre 2005 — d'avoir créé en janvier 2005 un site internet consultable aux adresses électroniques avocats-paris.org, avocat-divorce.com et avocat-goudjil.com, en méconnaissance « des règles régissant la publicité individuelle et en manquement aux principes essentiels de loyauté, de dignité, de délicatesse et de modération ».
Pour lui infliger la peine du blâme prévue à l'article 184 du décret n° 91-1197 du 27 novembre 1991 organisant la profession d'avocat, les juges du second degré
Jugeant la sanction du blâme « disproportionnée » en vertu des articles 8 de la Déclaration des droits de l'homme et 15 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales, Mme Goudjil avait alors soumis l'arrêt des juges versaillais à la censure de la cour de cassation.
Et à l'appui de son pourvoi, Me Goudjil soutenait, entre autres, dans son moyen en sept branches, qu'elle avait informé l'ordre de la création de son site et qu'aucune remarque ne lui avait été faite, que la publicité est permise à l'avocat si elle procure une information au public et qu'elle bénéficiait de la multipostulation lui permettant d'exercer à Paris bien qu'inscrite à Nanterre.
Mal lui en prit, la première chambre civile de la cour de cassation
La cour d'appel en a déduit, à juste titre, estime la cour suprême, que « cette pratique consistant à ne pas faire apparaître l'identité de l'avocat exploitant le domaine » constitue « une infraction aux règles sur la publicité individuelle, ainsi qu'un acte de concurrence déloyale et, partant, un manquement aux principes essentiels de loyauté, de modération et de discrétion auxquels sont tenus les avocats ».
Quant au fait que Mme Goudjil ait conservé le nom de domaine avocats-paris.org en dépit de son admission au barreau des Hauts-de-Seine, « faisant ainsi faussement croire au public qu'elle était toujours inscrite au barreau de Paris », le juge du fond, abstraction faite des règles sur la multipostulation en région parisienne, a pu parfaitement en déduire, pour la cour suprême, que « la publicité litigieuse, faute d'être véridique, contrevenait à l'article 10-1 du règlement intérieur national » ;
Me Goudjil n'a pas répondu aux sollicitations de LexTimes.fr mais semble avoir renoncé à avocats-paris.org. En revanche, bien que cet arrêt remonte à quatre semaines, en tapotant avocat-divorce.com, on est encore redirigé versdivorce.avocat-goudjil.com appartenant à Me Yasmina Goudjil disant avoir des bureaux à « PARIS Ouest: 11 rue du Renard - 92250 La Garenne Colombes » (sic !).