Information financière : Risc Group et deux de ses anciens dirigeants sanctionnés par l’AMF

La commission des sanctions de l’Autorité des marchés financiers (AMF) a infligé une sanction pécuniaire de 50 000 euros à la société Risc Group pour avoir tardé cinq semaines à divulguer au public « son incapacité à atteindre les objectifs qu’elle avait annoncés » pour l’exercice 2008-2009. Ses deux anciens dirigeants, Gérard Guillot et Bernard Calvignac, sont, quant à eux, sanctionnés pour avoir diffusé des informations « inexactes et imprécises ».

Société de vente de services informatiques externalisés, Risc Group a connu une forte progression de son activité et de son résultat de 2006 jusqu’à mi-2008 lorsque la tendance s’est brutalement inversée à partir du mois d’octobre 2008 pour se poursuivre au cours des mois suivants.

Par deux communiqués des 18 septembre et 22 octobre 2008, la société a néanmoins annoncé au marché un « objectif ambitieux » de 106/108 millions d’euros de chiffre d’affaires et une marge opérationnelle de 9 à 11 % pour l’exercice clos au 30 juin 2009 et ce n’est que le 19 février 2009 lors de la publication du chiffre d’affaires pour le premier semestre 2008/2009 à 39,8 millions d’euros que l’objectif annuel a été ramené à 90/94 millions d’euros avec un résultat négatif à la clé alors qu’en interne, la dégradation de la situation était connue depuis au moins mi-janvier 2009.

Risc Group avait connaissance « de son incapacité à atteindre les objectifs qu’elle avait annoncés », retient la commission des sanctions dans cette décision rendue le 19 mai 2014 qui estime que la crise de gouvernance que traversait la société en 2008/2009 est sans incidence sur la caractérisation du manquement qui est considère comme constitué dans la mesure où la société a attendu le 19 février 2009 pour divulguer au public l’information qu’elle détenait depuis au moins le 15 janvier 2009.

Quant aux deux anciens dirigeants, Gérard Guillot et Bernard Calvignac, président du conseil d’administration à compter du 18 décembre 2008 pour le premier et à compter du 18 décembre 2009 pour le second, il leur était reproché des propos trop optimistes à l’un et trop pessimistes à l’autre.

Dans un entretien accordé au magazine ChannelNews et publié le 8 janvier 2009, M. Guillot avait en effet déclaré « nous disposons de 18 M€ de trésorerie et nous n’avons pas de dette » alors qu’une note interne du 2 janvier 2009 faisait ressortir une trésorerie nette cumulée du groupe de 6,78 millions d’euros et un endettement de 7,5 millions d’euros. Ce qui constitue, pour le gendarme de la bourse, une information inexacte et imprécise « par l’intermédiaire d’un journaliste » qui lui vaut une sanction pécuniaire de 10 000 euros.

À M. Calvignac qui lui a succédé, il était reproché d’avoir publié le 11 novembre 2010 sur le blog Boursepourtous un message selon lequel « la valeur de RISC est trop élevée quand on constate les océans de perte dont nous avons hérité ! […] vraisemblablement sa capitalisation [va] baisser […] et donc une baisse potentielle du titre […] par 2 ! […] ce n’est pas nous qui vous [petits actionnaires] volons ce sont les lois du marché […] tous les spéculateurs qui se plaignent peuvent quitter l’actionnariat de RISC, nous ne les retiendrons pas car ils sont nuisibles à la société », commentaire qui lui vaut une sanction pécuniaire de 5 000 euros.

La cotation de la société Risc Group [FR0011010198, RSC] est suspendue depuis le 29 juin 2012, elle a été mise en redressement judiciaire le 24 octobre 2013 et en liquidation judiciaire le 18 décembre 2013.

Trois petits porteurs avaient saisi en 2011 le parquet d’une plainte pour ces faits d’informations « fausses et trompeuses » qui a été classée sans suite. Il est regrettable que le parquet rechigne à faire son travail et que l’AMF ne soit pas compétente pour dédommager les petits actionnaires lorsqu’elle estime que le manquement est constitué.