Immigration : La Cour de Luxembourg met un terme au « tourisme social »

Les citoyens économiquement inactifs qui se rendent dans un autre État membre de l'Union européenne dans le seul but de bénéficier de l’aide sociale peuvent être exclus de certaines prestations sociales, a jugé la Cour de justice de l'UE à l'occasion d'une question préjudicielle posée par une juridiction allemande.
Les étrangers qui entrent sur le territoire allemand pour obtenir l’aide sociale ou dont le droit de séjour découle du seul objectif de la recherche d’un emploi sont exclus des prestations de l’assurance de base, « Grundsicherung », lesquelles visent notamment à assurer la subsistance des bénéficiaires.
Au cas particulier, le tribunal social de Leipzig, dans le Land de Saxe, est saisi d’un litige opposant deux ressortissants roumains, Elisabeta Dano et son fils Florin, au Jobcenter de Leipzig qui leur a refusé les prestations de l’assurance de base
La Cour de justice de l'Union
Lorsque la durée du séjour est supérieure à trois mois mais inférieure à cinq ans, ce qui est le cas en l'espèce, la directive conditionne le droit de séjour au fait notamment que les personnes économiquement inactives doivent disposer« de ressources propres suffisantes » pour empêcher que les citoyens de l’Union économiquement inactifs utilisent le système de protection sociale de l’État membre d’accueil pour financer leurs moyens d’existence.
Un État membre a donc la possibilité, juge la Cour, « de refuser l’octroi de prestations sociales à des citoyens de l’Union économiquement inactifs qui exercent leur liberté de circulation dans le seul but de bénéficier de l’aide sociale d’un autre État membre alors même qu’ils ne disposent pas de ressources suffisantes pour prétendre à un droit de séjour », chaque cas individuel devant être examiné « sans prendre en compte les prestations sociales demandées ».
Pour la Cour, la directive « citoyen de l’Union » et le règlement sur la coordination des systèmes de sécurité sociale
En ce qui concerne Mme Dano et son fils, la Cour observe qu’ils ne disposent pas de ressources suffisantes, si bien qu’ils ne peuvent réclamer un droit de séjour en Allemagne en vertu de la directive « citoyen de l’Union » et ne peuvent pas se prévaloir du principe de non-discrimination consacré par la directive et par le règlement sur la coordination des systèmes de sécurité sociale.
I support the European Court of Justice ruling that curbs "benefits tourism" - it's simple common sense.
— David Cameron (@David_Cameron) 11 Novembre 2014
Au Royaume-Uni, confronté à la poussée de la formation europhobe UKIP (United Kingdom Independence Party), le premier ministre David Cameron avait annoncé qu'il souhaitait limiter l'immigration en provenance des autres pays de l'UE, au mépris de ce principe de libre circulation des personnes, provoquant le courroux de la chancelière allemande Angela Merkel et des milieux d'affaires britanniques. M. Cameron a donc rapidement salué cette décision qui relève, selon lui, du « bon sens ». « Je soutiens [cette] décision [...] qui freinera le tourisme social », a-t-il écrit sur son compte Twitter.
La commission européenne a, elle aussi, salué cette décision. « La Commission européenne a toujours estimé que le principe de libre circulation signifie le droit de se déplacer », a réagi une porte-parole. « Ce n'est pas le droit d'avoir accès librement aux prestations sociales d'un pays membre, et la décision de la cour a confirmé ceci », a-t-elle ajouté.